Le milliardaire Peter Thiel, via son fonds Thiel Macro LLC, a vendu l'intégralité de sa participation dans Nvidia au troisième trimestre. Cette décision, suivant celle de SoftBank et les paris de Michael Burry, renforce les craintes d'une bulle spéculative autour de l'IA, malgré les résultats records du géant des GPU qui a récemment franchi les 5 000 milliards de dollars de valorisation.

Nvidia est sur une trajectoire impressionnante. Le fabricant de GPU a récemment stupéfié les marchés en devenant la première entreprise à atteindre la barre symbolique des 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière en octobre, portée par une demande insatiable pour ses puces dédiées à l'intelligence artificielle.

Les ventes de l'entreprise ont grimpé de 56 % pour atteindre 46,7 milliards de dollars lors du deuxième trimestre. Les analystes s'attendent à ce que les résultats du troisième trimestre, attendus mercredi, confirment cette tendance avec des revenus projetés à 54,89 milliards. Pourtant, cette ascension fulgurante commence à susciter autant d'admiration que de méfiance.

Un signal d'alarme venu de la Silicon Valley

La nouvelle est tombée via les documents réglementaires 13F : Thiel Macro LLC, le fonds spéculatif du milliardaire Peter Thiel, a vendu la totalité de ses 537 742 actions Nvidia au cours du trimestre clos le 30 septembre.

Cette participation représentait environ 40 % du portefeuille total du fonds. Une sortie massive qui a fait chuter la valeur des actifs de Thiel Macro de 212 millions de dollars à seulement 74 millions sur la période. Venant de l'un des investisseurs les plus influents de la tech, co-fondateur de PayPal et premier investisseur externe de Facebook, le geste pèse lourd.

Thiel n'est pas le seul à douter

Cette décision stratégique n'est pas un acte isolé. Elle survient une semaine seulement après que SoftBank, dirigé par Masayoshi Son, a révélé avoir également cédé l'intégralité de sa participation de 5,8 milliards de dollars dans le géant des puces.

Dans le même temps, le célèbre "short-seller" Michael Burry, connu pour avoir prédit la crise de 2008, a pris des positions à découvert substantielles contre Nvidia.

L'accumulation de ces ventes par des investisseurs de premier plan intensifie le débat sur une éventuelle bulle de l'IA, certains s'inquiétant de valorisations devenues déconnectées de la réalité économique.

La crainte des investissements circulaires

Au-delà des valorisations stratosphériques, c'est la structure même de la croissance qui est scrutée. Des inquiétudes émergent concernant des "dépenses circulaires" qui pourraient gonfler artificiellement les chiffres.

Un exemple notable est l'accord de 100 milliards de dollars entre Nvidia et OpenAI, où la startup de Sam Altman utilise les fonds pour acheter des GPU... à Nvidia.

Michael Burry a également souligné que des géants comme Microsoft ou Meta étirent leurs calendriers d'amortissement pour lisser leurs dépenses massives en puces Nvidia, masquant potentiellement le coût réel de cette course effrénée.

Un portefeuille réalloué, mais le doute persiste

Peter Thiel n'a pas seulement vendu. Les documents montrent qu'il a également réduit sa position dans Tesla, bien que le constructeur de véhicules électriques reste la plus grande participation de son portefeuille (39 %).

Une partie des liquidités a été réinvestie dans des valeurs technologiques plus établies, comme Microsoft et Apple. Si certains investisseurs peuvent être rassurés en se rappelant que l'action Facebook s'est très bien comportée après la sortie de Thiel en 2012, le signal envoyé reste puissant.

D'autant que, pour contrebalancer, Berkshire Hathaway, le fonds de Warren Buffett, a révélé avoir accumulé une position de 4,3 milliards de dollars dans Alphabet.

Alors que Nvidia se prépare à publier ses résultats du troisième trimestre cette semaine, tous les yeux seront rivés sur la capacité de l'entreprise à justifier une valorisation que même ses plus fervents partisans d'hier commencent à fuir.