Le secteur de la logistique chinoise vient de franchir une étape majeure en dépassant les 180 milliards de plis expédiés sur les onze premiers mois de l'année.

Cette performance, tirée par l'automatisation et une consommation numérique effrénée, confirme la vitalité du marché intérieur malgré un contexte économique en mutation et une guerre des prix intense.

Selon les données officielles rapportées par les médias d'État, le pays a enregistré un volume sans précédent de paquets traités entre janvier et novembre. Ce cap symbolique a été franchi dimanche dernier, matérialisé par une commande d'appareil éducatif passée par un résident de Shenzhen.

Ce chiffre vertigineux, qui correspond à des pics de 777 millions d'envois quotidiens, illustre la puissance de feu du secteur postal local, qui continue de croître malgré les incertitudes macroéconomiques.

Une frénésie portée par le commerce en ligne

Cette performance industrielle est indissociable de l'omniprésence du commerce électronique dans les habitudes de consommation des ménages. Depuis plus d'une décennie, le pays domine le marché mondial de la livraison express, affichant l'an passé une hausse de 21 % de ses volumes.

Les plateformes numériques, véritables poumons économiques, captent désormais une part gigantesque des transactions, remplaçant progressivement les centres commerciaux traditionnels grâce à des écosystèmes compétitifs et intégrés.

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Toutefois, les analystes nuancent ce tableau en soulignant que cette explosion des volumes ne reflète pas nécessairement une hausse des dépenses globales. Pour séduire les acheteurs dans une Chine en proie au ralentissement, les vendeurs multiplient les rabais agressifs et les politiques de retour flexibles.

C'est souvent la quête du prix le plus bas, découverte via le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux, qui déclenche l'acte d'achat, créant une demande volumique mais à faible marge.

L'automatisation au cœur de la performance

Pour tenir cette cadence infernale, l'industrie a dû opérer une mue technologique radicale, misant massivement sur l'automatisation de ses infrastructures. Le fameux 180 milliardième paquet a suivi un parcours type de cette nouvelle ère : traité dans un entrepôt entièrement robotisé de JD.com, il a été acheminé par un véhicule sans pilote avant d'être remis au destinataire.

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Dans les centres de tri, des systèmes de vision par ordinateur scannent les étiquettes en quelques millisecondes, tandis que des robots s'occupent du rayonnage, réduisant drastiquement les erreurs humaines.

Sur le terrain, cette modernisation transforme le quotidien des coursiers qui gèrent l'afflux de colis. À Shenzhen, l'utilisation de véhicules autonomes permet de délester les livreurs des trajets inutiles vers les points de collecte éloignés.

Au lieu de parcourir des kilomètres pour récupérer les marchandises, le personnel peut désormais se concentrer sur la relation client et la distribution finale dans les quartiers, augmentant ainsi leur efficacité opérationnelle sans alourdir leur charge de travail.

Rentabilité et vision d'avenir

Si les volumes s'envolent, la réalité financière des entreprises de messagerie reste complexe, prise en étau entre une croissance des revenus de 13 % et des marges bénéficiaires souvent très fines.

La concurrence acharnée oblige les acteurs à « lâcher du lest » sur les tarifs pour conserver leurs parts de marché. Pourtant, le secteur reste un moteur crucial pour stabiliser les livraisons et soutenir la demande intérieure, avec des investissements massifs, notamment 150 millions de yuans (18 millions d'euros) injectés cette année à Shenzhen pour moderniser les équipements.

Loin de s'essouffler, la dynamique devrait se poursuivre avec des objectifs nationaux déjà fixés à 190 milliards de paquets pour l'horizon 2025. L'intégration de technologies de pointe, comme les modèles de langage pour l'optimisation des itinéraires ou les drones pour les livraisons rapides, promet de maintenir cette trajectoire ascendante.

Reste à savoir si cette course aux volumes pourra durablement s'accompagner d'une rentabilité pérenne pour l'ensemble des acteurs de la chaîne.