Rocket Lab décale le vol inaugural de sa fusée réutilisable Neutron au premier trimestre 2026. L'entreprise justifie ce retard par une volonté de "retirer les risques" via des tests au sol méticuleux pour réussir l'orbitalisation du premier coup.

Malgré ce délai, la société affiche une santé financière record, avec 1 milliard de dollars en trésorerie. Ne voulant pas prendre trop de risques, la firme annonce que le premier lancement de la fusée Neutron est officiellement repoussé.

L'entreprise, qui visait initialement la fin de cette année, table désormais sur une présence sur le pas de tir du Launch Complex 3, en Virginie, au cours du premier trimestre 2026, "avec un premier lancement par la suite".

La philosophie Rocket Lab : « Tout tester au sol »

Peter Beck, le PDG de Rocket Lab, a été clair : ce report n'est pas dû à un problème spécifique majeur mais reflète une approche stratégique délibérée. "Nous avons vu ce qui arrive lorsque d'autres se précipitent sur le pas de tir avec un produit non éprouvé, et nous refusons de faire cela", a-t-il asséné lors de l'appel aux investisseurs.

L'objectif affiché reste ambitieux : atteindre l'orbite dès la première tentative. "Vous ne nous verrez pas utiliser des qualificatifs pour minimiser [un échec] en prétendant qu'avoir juste quitté le pas de tir est un succès", a précisé Beck.

Ce fameux "processus Rocket Lab" implique des tests au sol intensifs sur l'ensemble des systèmes intégrés, des moteurs Archimedes à l'innovante coiffe "Hungry Hippo" conçue pour rester attachée et être réutilisée. "Nous ne voulons pas apprendre pendant le premier vol quelque chose que nous aurions pu apprendre au sol", a martelé le PDG.

Un impact financier maîtrisé ?

Ce délai supplémentaire a forcément un coût. Le budget de développement, initialement estimé dans une fourchette de 250 à 300 millions de dollars, va être dépassé.

Rendu d'une fusée Neutron se posant sur une barge. Cela ne vous rappelle rien ?

Adam Spice, le directeur financier de l'entreprise, a précisé que la société aura dépensé environ 360 millions de dollars pour le programme Neutron d'ici la fin 2025.

Chaque trimestre de retard coûte environ 15 millions de dollars, principalement en frais de personnel dédiés au projet. Peter Beck a toutefois tenu à relativiser, insistant sur le fait que cet impact financier à long terme sera "insignifiant" au regard de l'enjeu : la fiabilité.

Les investisseurs rassurés par un "trésor de guerre"

Paradoxalement, l'annonce de ce report n'a pas fait fuir les investisseurs. L'action de Rocket Lab a même bondi de plus de 8% après la publication de ces informations.

La raison ? Des résultats trimestriels records, avec 155 millions de dollars de revenus, et un carnet de commandes qui s'élève à 1,1 milliard de dollars. Mieux encore, l'entreprise a habilement profité de la hausse du cours de son action (plus de 150 % sur les six derniers mois) pour lever 468,8 millions de dollars.

Rocket Lab dispose désormais d'un véritable trésor de guerre d'un milliard de dollars en liquidités.

Ces fonds conséquents serviront à finaliser le développement de Neutron, mais aussi à boucler l'acquisition en attente de Mynaric, un fabricant allemand de terminaux de communication optique. Peter Beck a également confirmé que l'entreprise restait à l'affût d'autres acquisitions stratégiques pour accélérer sa croissance.