Le 18 juin 2025, un rapport du média coréen The Bell a révélé un séisme interne chez Samsung : le géant serait "choqué" d'avoir perdu le contrat de fabrication de la future puce Tensor G5 de Google, qui équipera le Pixel 10. Google a en effet décidé de confier la production à son grand rival, le taïwanais TSMC. Une surprise pour Samsung, mais pas pour le reste de l'industrie qui observe les difficultés de la branche fonderie du groupe depuis des années.
Pourquoi cette décision de Google est-elle un coup si dur pour Samsung ?
Parce que c'est une claque symbolique et stratégique. Après avoir déjà perdu les contrats de fabrication pour les puces d'Apple il y a plusieurs années, puis ceux de Qualcomm, la perte de Google pour ses puces Tensor confirme les difficultés profondes de la division fonderie de Samsung. Elle peine à rivaliser avec la fiabilité et la performance de son concurrent direct, TSMC. Ce nouvel "incident Google", comme il serait appelé en interne, est un coup dur pour la crédibilité du géant coréen et sa capacité à fabriquer les puces les plus avancées du monde.
Quelles sont les vraies raisons de ce changement ?
La surprise de Samsung peut paraître étrange, car les raisons de ce divorce sont un secret de polichinelle. Depuis des années, les usines de Samsung Foundry luttent avec des problèmes de rendement et de performance. Les puces qui en sortent sont souvent jugées moins efficaces et plus énergivores que celles de la concurrence. L'exemple le plus célèbre reste le Snapdragon 8 Gen 1 de Qualcomm : fabriqué par Samsung, il chauffait beaucoup. Sa version améliorée, la 8+ Gen 1, fabriquée par TSMC, a offert des gains de performance et d'efficacité substantiels. Depuis, Qualcomm n'a plus quitté le fondeur taïwanais. L'ironie suprême est que Samsung lui-même préfère souvent équiper ses propres smartphones Galaxy S avec des puces Snapdragon (fabriquées par TSMC) plutôt qu'avec ses puces maison Exynos.
Quel est l'avenir pour la branche de puces de Samsung ?
L'avenir est à un tournant critique. Cet "incident Google" aurait déclenché une réunion stratégique mondiale et une "analyse intensive" chez Samsung. Tous les espoirs de l'entreprise reposent désormais sur sa prochaine génération de gravure en 2nm. Le prototype de la puce Exynos 2600, qui utilisera ce nouveau procédé, est en cours de production. Si ce test est un succès, avec de bons rendements et de bonnes performances, Samsung pourrait regagner la confiance de ses anciens clients. S'il échoue, l'avenir de sa division fonderie, déjà distancée par un TSMC ultra-dominant, pourrait être remis en question.
Pour plus de précisions
Qu'est-ce que le Tensor G5 ?
C'est le nom de la future puce conçue par Google qui équipera ses prochains smartphones, les Pixel 10. Pour la première fois, elle serait entièrement pensée par Google "from the ground up" (en partant de zéro), sans se baser sur une architecture Exynos de Samsung comme les générations précédentes.
C'est quoi une "fonderie" dans ce contexte ?
Une fonderie de semi-conducteurs est une usine de fabrication de puces. Des entreprises comme Apple, Google ou Qualcomm conçoivent leurs propres puces mais n'ont pas d'usines. Elles confient la fabrication à des fondeurs spécialisés. Le marché est dominé par le taïwanais TSMC, suivi par le coréen Samsung Foundry.
Google a-t-il complètement abandonné Samsung ?
Non, pas totalement. Si la fabrication du processeur principal du Pixel 10 est bien transférée chez TSMC, les sources indiquent que le téléphone continuera d'utiliser des modems 5G conçus et fabriqués par Samsung.