C'est la scène surréaliste à laquelle ont été confrontés plusieurs chasseurs dans le comté de Monterey. En dépeçant des sangliers sauvages, ils ont découvert que la graisse et certains tissus des animaux arboraient une couleur anormale, un bleu néon intense, comparable à celui d'un granité ou d'une myrtille. Face à ce phénomène pour le moins inquiétant, une enquête sanitaire a été immédiatement lancée par le Département de la Pêche et de la Faune de Californie (CDFW) pour identifier l'origine de cette pigmentation spectaculaire.

Quel est ce poison qui colore les sangliers en bleu ?

Le coupable a un nom : la diphacinone. Il s'agit d'un puissant raticide de première génération, un anticoagulant qui provoque de graves hémorragies internes chez les animaux qui l'ingèrent. Pour des raisons d'identification et de sécurité, ce poison est systématiquement teinté d'un colorant bleu vif. L'enquête a confirmé que les sangliers, connus pour être des omnivores voraces, ont été contaminés de deux manières : soit en consommant directement les appâts empoisonnés destinés aux rongeurs, soit en se nourrissant des carcasses d'animaux déjà intoxiqués.

Le poison et son colorant s'accumulent alors dans leurs tissus adipeux, provoquant cette coloration anormale. Conçu pour éliminer les populations de rats et autres rongeurs, ce produit chimique se propage ainsi de manière incontrôlée dans la chaîne alimentaire, touchant des espèces non ciblées et créant un danger bien plus large que prévu initialement.

Quels sont les dangers pour l'écosystème et l'homme ?

Le problème est bien plus vaste qu'une simple curiosité chromatique. La présence de diphacinone dans la faune sauvage représente un risque sanitaire majeur. Le poison reste actif dans les tissus d'un animal mort, et la cuisson de la viande ne suffit pas à le neutraliser. La consommation de gibier contaminé peut donc exposer les humains à de graves problèmes de santé, notamment des hémorragies internes difficiles à contrôler. D'autres prédateurs et charognards, comme les ours, les pumas ou les rapaces, sont également menacés.

Sanglier bleu 02

Le plus alarmant est que tous les animaux contaminés ne virent pas forcément au bleu. L'absence de coloration ne garantit donc absolument pas que la viande soit saine. Cette contamination silencieuse menace des écosystèmes entiers, puisque le poison peut décimer des populations d'animaux qui ne sont pas la cible initiale des pesticides.

Comment les autorités réagissent-elles face à cette contamination ?

Face à cette menace, le département de la Pêche et de la Faune de Californie (CDFW) a renforcé ses avertissements. Une alerte publique a été émise, demandant aux chasseurs et au public de ne surtout pas consommer de gibier présentant une coloration suspecte et de signaler immédiatement toute découverte de ce type. L'usage de la diphacinone est déjà fortement restreint dans l'État depuis 2024, mais ces incidents montrent que le produit reste présent et dangereux.

Sanglier bleu 03

Les experts et les associations de protection de la nature appellent à un contrôle plus strict et à la promotion d'alternatives non chimiques. La gestion intégrée des nuisibles, qui combine des prédateurs naturels, des pièges et des barrières physiques, est présentée comme la solution la plus durable pour éviter que de tels poisons ne continuent de se propager dans l'environnement.

Foire Aux Questions (FAQ)

Peut-on consommer la viande d'un sanglier si elle n'est pas bleue ?

Non, ce n'est pas recommandé. Les autorités sanitaires avertissent que l'absence de couleur bleue ne garantit pas l'absence de poison. Un animal peut être contaminé par la diphacinone sans que sa chair ne change visiblement de couleur.

Qu'est-ce que la diphacinone exactement ?

La diphacinone est un poison anticoagulant utilisé pour contrôler les populations de rongeurs. Il agit en bloquant la capacité du corps à utiliser la vitamine K, ce qui empêche la coagulation du sang et provoque des hémorragies internes mortelles.

Seuls les sangliers sont-ils affectés par ce poison ?

Non, malheureusement. Toute la chaîne alimentaire est menacée. Des animaux comme les cerfs, les ours, les pumas, les renards et de nombreux oiseaux (notamment les rapaces) peuvent être empoisonnés en consommant directement les appâts ou en se nourrissant d'animaux contaminés.

Source : Science Alert