Alors que la mémoire flash semble avoir gagné la bataille de la vitesse dans nos ordinateurs personnels, la guerre du volume, elle, continue de faire rage en coulisses. Lors d'une récente conférence au Japon, Seagate a lâché une petite bombe technologique qui a de quoi faire trembler la concurrence.

Le fabricant a présenté un prototype de plateau magnétique atteignant une densité inédite de 6,9 To. Pour le commun des mortels, ce chiffre peut sembler abstrait, mais à l'échelle d'un centre de données, c'est une bouffée d'oxygène inespérée. Cette avancée suggère que les barrières physiques que l'on pensait infranchissables sont en train de tomber les unes après les autres.

Comment cette technologie repousse-t-elle les frontières du possible ?

Au cœur de cette innovation se trouve le HAMR (Heat-Assisted Magnetic Recording), une méthode d'enregistrement magnétique assistée par la chaleur qui permet d'écrire des données sur des surfaces minuscules avec une stabilité parfaite. En atteignant 6,9 To sur un seul plateau, Seagate démontre qu'il est désormais théoriquement possible d'assembler des unités complètes avoisinant les 55 To de capacité. C'est un bond de géant par rapport aux standards actuels qui plafonnent souvent autour de la trentaine de téraoctets.

Seagate 02

Concrètement, cela signifie doubler la densité de stockage sans changer la taille physique du boîtier, une aubaine pour les infrastructures qui cherchent désespérément à optimiser chaque centimètre carré de leurs serveurs. La firme ne compte d'ailleurs pas s'arrêter là et évoque déjà des simulations pour des plateaux de 8 To.

Pourquoi les géants du web ont-ils encore besoin de disques mécaniques ?

On pourrait croire que les disques durs traditionnels sont des reliques du passé, mais c'est oublier le nerf de la guerre : le coût au téraoctet. Pour les tâches ne nécessitant pas une latence ultra-faible, comme l'archivage froid, les sauvegardes massives ou les coffres-forts numériques de montage vidéo, la technologie magnétique reste imbattable économiquement. Moins de disques pour une même capacité signifie une consommation électrique réduite, moins de refroidissement nécessaire et une gestion simplifiée des racks.

Seagate 03

Dans un monde où les besoins explosent sous la pression des contenus générés par l'IA et la vidéo 4K/8K, cette densité accrue permet de réduire drastiquement le coût total de possession (TCO) pour les entreprises. C'est une réponse pragmatique à une demande de place virtuelle qui ne fait que croître de manière exponentielle.

Quels sont les défis avant une arrivée massive sur le marché ?

Cependant, passer d'un prototype de laboratoire à un produit commercial fiable est un parcours semé d'embûches. Il ne suffit pas de battre des records de densité ; il faut garantir que ces supports de stockage résistent à des années d'écriture et de lecture intensive sans surchauffe ni défaillance.

Seagate Exos M

Seagate vise une production de masse de ces plateaux haute densité pour le début des années 2030, avec l'ambition d'atteindre à terme des unités de 15 To par plateau. Cela laisserait entrevoir des disques de plus de 100 To dans un futur pas si lointain. La fiabilité thermique et la compatibilité avec les contrôleurs existants restent les principaux verrous techniques à faire sauter pour transformer l'essai. L'industrie observe donc ces avancées avec un mélange d'impatience et de prudence.

Foire Aux Questions (FAQ)

 

Qu'est-ce que la technologie HAMR exactement ?

Le HAMR (Heat-Assisted Magnetic Recording) utilise un minuscule laser pour chauffer très brièvement la surface du disque avant l'écriture. Cela permet de modifier l'état magnétique de grains beaucoup plus petits et stables, augmentant ainsi considérablement la densité de données stockables.

Quand pourra-t-on acheter un disque dur de 55 To ?

Ce n'est pas pour tout de suite. Si le prototype de plateau existe, l'intégration dans un disque commercial fiable et produit en masse est prévue par Seagate pour le début de la décennie 2030, bien que des capacités intermédiaires arriveront progressivement d'ici là.

Les SSD vont-ils finir par remplacer totalement les disques durs ?

Probablement pas dans les centres de données. Si les SSD dominent le marché grand public et les applications rapides, les disques durs gardent un avantage massif sur le prix au téraoctet pour stocker les énormes volumes de données "froides" qui n'ont pas besoin d'être accédées instantanément.