Le lancement de la série de smartphones Huawei Mate 60 fin 2023 a été un choc pour les Etats-Unis avec la présence du processeur mobile Kirin 9000S gravé en 7 nm chez le fondeur  chinois SMIC.

Malgré le déploiement massif de mesures et de restrictions, la Chine parvient à suivre le mouvement de l'industrie des semi-conducteurs vers des niveaux de gravure des puces toujours plus fins en dépit des difficultés (coûts élevés, rendements faibles, difficulté d'accès aux équipements).

Alors que la gravure en 5 nm semble à portée de la Chine, pas si loin du noeud 3 nm proposé par les meilleurs fondeurs mondiaux, les USA cherchent toujours à freiner l'avancée de l'industrie chinoise des semi-conducteurs.

Selon le Financial Times, le gouvernement américain met la pression sur les Pays-Bas et le Japon, qui disposent d'équipementiers de pointe, afin de boucher les trous dans la raquette dans son dispositif de restriction d'accès aux technologies de gravure.

Renforcer les restrictions jusqu'à la marge

Après avoir déjà fait bloquer l'accès à des équipements de lithographie plus anciens, de type DUV (Deep Ultra Violet), utilisés par le fondeur chinois au-delà de leurs limites normales de fonctionnement pour parvenir à une gravure en 7 nm, comment aller plus loin et éviter de nouvelles déconvenues ?

Les différents intervenants hésitent sur les mesures à prendre. Cela pourrait passer par des restrictions renforcées sur des équipements encore plus anciens mais aussi sur le blocage des services de maintenance des équipements déjà achetés par la Chine avant la mise en place de l'embargo.

ASML lithographie EUV 02

La lithographie EUV d'ASML, interdite d'exportation en Chine

Ces actions ont cependant des conséquences que les Pays-Bas ne voudraient pas supporter seuls. Le pays appelle à poser un cadre européen commun tout en s'inquiétant d'un risque de voir ASML, son puissant fournisseur d'équipements de lithographie, partir vers des horizons moins contraignants.

Le Financial Times évoque des pressions des Etats-Unis sur le Japon et les Pays-Bas pour durcir encore les mesures contre la Chine mais aussi un effort pour que la Corée du Sud soit englobée dans ce mouvement.

Une pression US qui ne fait pas les affaires de ses alliés

Ce pays n'a pas d'équipementiers aussi pointus mais continue de fournir des machines moins sophistiquées à la Chine et contribue à renforcer ses capacités de production.

Dans un contexte où la logique économique ne joue plus et où la Chine peut dépenser sans compter pour parvenir à affiner les techniques de gravure, même dans de mauvaises conditions industrielles, il faut élargir le cadre et anticiper que les équipements d'ancienne génération peuvent constituer un moyen de contourner les restrictions.

Mais cette obsession américaine pourrait finir par devenir problématique dans la mesure où elle perturbe les activités industrielles de ses propres alliés, ce que ne manquent pas de souligner les autorités chinoises pour jeter de l'huile sur le feu.

Source : Financial Times