Les Etats-Unis se sont lancés depuis plusieurs années dans une opération de blocage de l'accès de la Chine aux techniques de gravure de puces les plus avancées pour éviter qu'elle ne l'utilise à des fins militaires ou de surveillance de masse.
Depuis 2019, les mesures s'empilent pour placer des entreprises en liste noire, restreignant leur capacité d'échanges commerciaux avec des firmes américaines, bloquer l'accès aux grands fondeurs mais aussi éviter que les équipements de lithographie les plus récents soient importés en Chine.
Ce cortège de restrictions se renforce au fil des années à mesure que l'industrie chinoise trouve des parades ou des alternatives. Les Etats-Unis ont graduellement étoffé leur effort pour empêcher la Chine d'accéder aux équipements de lithographie EUV, puis aux équipements de lithographie DUV et enfin aux services de maintenance et réparation des machines.
Liste noire étendue, arrêt des maintenances
Pour cela, ils font pression sur les gouvernements des pays ayant des équipementiers capables d'alimenter la Chine, comme les Pays-Bas, le Japon ou la Corée du Sud.
Après des mesures renforcées en début d'année, le gouvernement américain s'apprêterait à donner un nouveau tour de vis, selon une information de Reuters. Constatant que l'industrie chinoise des semi-conducteurs continue de progresser, il envisagerait d'ajouter 11 nouvelles entreprises chinoises associées à la production de puces à sa liste noire qui en compte 5, dont le fondeur SMIC.
Equipement de lithographie DUV de ASML
Il ferait également pression sur le gouvernement des Pays-Bas pour empêcher l'équipementier ASML de fournir les fameux services de maintenance de ses équipements.
Les entreprises américaines appliquent déjà la mesure mais pas l'entreprise néerlandaise, les autorités des Pays-Bas n'ayant pas (encore) la possibilité juridique de la contraindre sur ce point.
La Chine étudie ses options
La capacité du groupe Huawei à proposer des processeurs mobiles gravés en 7 nm pour ses smartphones lancés fin 2023 a créé un électrochoc et conduit les USA à renforcer régulièrement les mesures.
La gravure chinoise pourrait descendre à 5 nm en étirant encore la plage de fonctionnement des équipements de lithographie DUV et en compensant financièrement la mauvaise équation économique que cela représente mais il sera ensuite compliqué d'aller plus bas sans équipements de lithographie EUV.
Envahir Taiwan, qui dispose de ces machines, pourrait être tentant au nom de la réintégration de l'île au territoire national chinois mais cela entraînerait une grave crise géostratégique qui ne resterait sans doute pas sans réponse ferme des Etats-Unis.
