Freiné dans sa progession pour moderniser son industrie électronique par les restrictions américaines, la Chine riposte avec ses propres armes : les exportations de matières premières stratégiques dont elle est souvent le premier fournisseur mondial.

Après avoir utilisé durant des années la menace d'une réduction des exportations de terres rares auprès de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) pour obtenir gain de cause dans des litiges commerciaux, le gouvernement chinois a commencé à répliquer aux mesures de restriction sur la production de puces en annonçant des limitations des volumes d'exportation de certaines matières premières stratégiques.

Cela a commencé avec des limitations sur les volumes de gallium et germanium, deux éléments très utilisés dans l'électronique, pour lesquels l'extraction et les techniques de raffinage nécessitent désormais des licences spéciales.

Cela s'est poursuivi avec les coups de frein sur les exportations de graphite, naturel comme synthétique, au nom de la préservation de ses ressources et d'une mise en priorité des approvisionnements pour ses entreprises, ce qui va compliquer la production de batteries électriques hors de Chine, à moins de trouver des alternatives.

Après l'antimoine, un autre métal prisé des militaires  ?

La récente décision de limiter les exportations d'antimoine marque un tournant plus sécuritaire, l'élément étant largement utilisé à des fins militaires. La Chine met en avant une décision motivée par des questions de sécurité nationale, argument utilisé également par les Etats-Unis pour légitimer le blocage de l'accès aux dernières technologies de puces.

Et ce n'est peut-être que le début. Maintenant que les intentions se précisent, les observateurs s'attendent à ce qu'un autre métal stratégique fasse l'objet des mêmes restrictions : le tungstène.

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Egalement utilisé pour des besoins militaires et dans l'industrie pour sa dureté, il fait partie de la liste des métaux critiques des Etats-Unis. Les acteurs du secteur anticipent déjà des complications dans son approvisionnement avant la fin de l'année.

Comme dans d'autres domaines, cela sonne comme un rappel douloureux et la fin d'une idée d'une mondialisation dont on avait oublié qu'elle pouvait avoir des limites. De fait, ces limitations brutales des approvisionnements laissent bien des pays sans solutions alternatives, la Chine étant souvent le principal fournisseur, et de loin, des volumes requis.

Des filières alternatives à constituer en urgence

Le gouvernement chinois le sait et en joue tandis que les projets d'extraction ailleurs dans le monde sont ressortis des cartons et dépoussiérés, alors qu'il faudra des années pour constituer des filières tandis que les prix des matières premières vont augmenter en flèche.

Le choix de prendre pour cible l'antimoine et le tungstène, dont les usages militaires sont conséquents, est aussi un signe envoyé par la Chine aux Etats-Unis. Selon CNBC, le gouvernement américain a commencé à prendre des mesures pour diversifier ses approvisionnements mais l'allongement rapide de la liste des éléments stratégiques visés par des restrictions risque de déborder ces actions préventives.

Toutefois, la Chine agirait plus en réaction aux restrictions américaines sur les semi-conducteurs que selon une logique d'agression. Le pays n'a pas tellement intérêt à provoquer une escalade dans un contexte géopolitique déjà tendu.

Source : CNBC