C'est un peu l'hécatombe dans le secteur des puces cette semaine après la diffusion de deux informations évoquant un possible durcissement de la position des Etats-Unis dans les tensions économiques avec la Chine concernant la production et l'accessibilité des composants électroniques les plus avancés du marché.
Cela a commencé avec un article de Bloomberg évoquant la volonté du président des Etats-Unis Joe Biden de durcir un peu plus l'embargo imposé à la Chine sur tout ce qui touche aux technologies de gravure fine en utilisant l'arme du FDPR (Foreign Direct Product Rule), une disposition qui peut lui permettre de faire bloquer les importations de tout produit contenant des technologies US même lorsqu'il est fabriqué par d'autres nations.
Le gouvernement américain pourrait utiliser cet outil pour forcer le blocage des exportations d'équipements de lithographie avancée vers la Chine par les pays alliés (Pays-Bas, Japon...) qui rechignent à appliquer strictement les dispositions réclamées par les USA, généralement par crainte de mécontenter le puissant partenaire économique chinois.
Donald Trump et la doctrine America First
Cela s'est poursuivi par une déclaration de Donald Trump, candidat à la succession de Joe Biden à la présidence, qui a remis en cause l'aide militaire des Etats-Unis à Taiwan en cas d'invasion de la Chine.
Dans un commentaire acerbe où il note que le fondeur taiwanais TSMC a pris la quasi-totalité de l'activité de production de puces des Etats-Unis (un discours qui avait déjà déclenché des efforts de relocalisation des usines aux USA en 2019), il suggère que Taiwan devrait payer pour la sécurité apportée par son pays, comme un contrat d'assurance.
Cela augure d'une évolution des doctrines dans la zone Asie-Pacifique s'il venait à être élu, avec une certaine incertitude sur les conséquences d'un changement d'attitude des Etats-Unis.
Les acteurs des puces accusent le coup
Ces informations en cascade sur une position moins favorable des USA ont perturbé les investisseurs de l'ensemble du secteur des puces. Le principal concerné, le fondeur TSMC, a perdu plus de 4% en Bourse, tandis que l'équipementier Tokyo Electron, visé par la proposition de Biden, à perdu près de 9% face au risque d'une complication de son activité et de ses ventes à la Chine.
Les fournisseurs des fondeurs ont perdu du terrain mais d'autres producteurs de puces asiatiques, comme Samsung Electronics et SK Hynix, spécialisés dans les puces mémoire, n'ont pas été épargnés non plus.
L'inquiétude touche aussi le néerlandais ASML, principal fournisseur mondial d'équipments de lithogravure, qui a perdu 12% en Bourse, et le britannique ARM, concepteur des architectures de coeurs CPU, GPU et IA de processeurs, qui a également vu son cours en Bourse glisser de 7%.
Les grands consommateurs et/ou concepteurs de composants électroniques, Nvidia, AMD, Marvell, Qualcomm ou Broadcom, ont également tous perdu du terrain, généralement autour de 7%.
Il ne s'agit encore pourtant que de discussions ou de déclarations d'intention des dirigeants et candidats américains, sans certitude d'application. Il reste que le contexte de l'industrie des semiconducteurs risque de se durcir à court terme.