La date est cochée : le 14 octobre, à partir de 1h15 du matin (heure de Paris), tous les regards seront tournés vers le Texas pour le onzième décollage de la fusée Starship. Après un succès enfin acquis en août, SpaceX ne compte pas jouer la sécurité.
Bien au contraire. Pour ce qui sera le dernier vol de cette configuration, l'entreprise d'Elon Musk a décidé de pousser sa machine dans ses retranchements les plus extrêmes, en la privant volontairement d'une partie de ses protections. Un pari fou, mais calculé, qui en dit long sur la philosophie de l'entreprise et les enjeux colossaux qui se jouent en coulisses.
Pourquoi ce vol est-il si volontairement risqué ?
La décision la plus radicale de ce vol est à peine croyable : SpaceX a délibérément retiré des milliers de tuiles en céramique du bouclier thermique du vaisseau. L'objectif ? Mettre le Starship à nu face aux 1430°C de la rentrée atmosphérique pour identifier précisément ses points de rupture.
C'est la méthode SpaceX dans toute sa splendeur : échouer vite pour apprendre plus vite, quitte à sacrifier un prototype. Cette approche tranche avec la prudence historique de la NASA et s'explique par les leçons du vol précédent, où des tuiles métalliques expérimentales n'avaient pas donné satisfaction, provoquant une oxydation visible sur le flanc de l'appareil.
Quelles sont les nouvelles manœuvres au programme ?
Ce vol d'essai sera aussi un véritable ballet de manœuvres inédites, préparant l'avenir de la réutilisabilité. Le propulseur Super Heavy, qui en est déjà à sa deuxième mission, va inaugurer une nouvelle séquence d'atterrissage plus sûre, en passant par une étape à 5 moteurs au lieu de 3. Bien qu'il vise une barge dans le golfe du Mexique, l'enjeu est de fiabiliser la récupération.
Le second étage, le Ship, n'est pas en reste. Il va non seulement larguer huit faux satellites Starlink pour simuler un déploiement, mais surtout, il effectuera une manœuvre d'inclinaison dynamique lors de sa descente. Cette pirouette audacieuse préfigure sa future récupération par les bras robotiques de la tour de lancement, surnommée Mechazilla.
Quel est l'enjeu géopolitique derrière ce test ?
Car ce vol 11 est la clé de voûte du programme Artemis de la NASA. C'est une version modifiée de ce même Starship qui doit déposer les astronautes américains sur la Lune. Chaque retard de SpaceX est donc un retard pour l'Amérique dans la nouvelle course à l'espace qui l'oppose à la Chine, dont le programme lunaire avance à grands pas.
Ce test est également le chant du cygne pour cette génération de la fusée. Dès 2026, SpaceX basculera sur le Starship Version 3, une évolution majeure conçue pour atteindre l'orbite terrestre et commencer les tests de ravitaillement en vol, une étape indispensable pour les missions vers la Lune et Mars. L'enjeu de ce 14 octobre dépasse donc largement SpaceX : c'est un morceau de l'avenir de la conquête spatiale qui se joue.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quand et comment suivre le lancement de l'IFT-11 ?
La fenêtre de tir s'ouvre le 14 octobre 2025 à partir de 1h15 du matin, heure de Paris. Le lancement sera retransmis en direct sur le compte X (anciennement Twitter) de SpaceX, ainsi que sur de nombreuses chaînes YouTube spécialisées dans l'astronautique.
Le vaisseau Starship sera-t-il récupéré par la tour Mechazilla ?
Non, pas pour ce vol. La récupération par les "chopsticks" de la tour de lancement est l'objectif final, mais cette étape n'a pas encore été tentée pour le second étage. Pour ce test, le Ship effectuera un amerrissage contrôlé dans l'océan Indien. Seules les manœuvres préparant cette future capture seront simulées.
Pourquoi ce vol est-il le dernier de cette version ?
Ce onzième vol clôt le cycle de développement de la première génération de Starship. SpaceX se concentre désormais sur la Version 3, une fusée plus grande, plus puissante et surtout capable d'atteindre l'orbite terrestre, ce que les prototypes actuels ne peuvent pas faire. Cette nouvelle version est indispensable pour le déploiement des satellites Starlink V3 et les missions lunaires.