L'US Air Force a officiellement autorisé SpaceX à doubler sa capacité de lancement depuis la base de Vandenberg, la faisant passer à 100 tirs annuels. Cette décision stratégique inclut la réactivation du pas de tir historique SLC-6 pour les fusées Falcon 9 et, pour la première fois, le lanceur lourd Falcon Heavy, malgré les réticences d'une agence environnementale californienne.

Le Département de l'Air Force a validé la proposition d'Elon Musk d'intensifier drastiquement ses opérations sur la base spatiale de Vandenberg. Le plafond annuel de lancements est désormais porté de 50 à 100 missions, un bond quantitatif qui ancre un peu plus la domination de l'entreprise sur le secteur.

Cette expansion est un pilier de la stratégie de SpaceX pour répondre à une demande croissante, tant pour ses propres constellations, dont Starlink, que pour les contrats gouvernementaux et commerciaux.

Un deuxième pas de tir pour une ambition décuplée

Le cœur de cette nouvelle autorisation réside dans la réhabilitation du complexe de lancement SLC-6. Historiquement construit pour des programmes militaires et la navette spatiale, puis utilisé par les fusées Delta IV, ce site va être entièrement réaménagé pour accueillir les fusées Falcon 9 et surtout le puissant Falcon Heavy.

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Il s'agit d'une première pour la côte ouest (les lanceurs Falcon Heavy décollent généralement depuis Cap Canaveral, en Floride), qui se dote ainsi d'une capacité de lancement lourd.

Pour accompagner cette montée en puissance, des zones d'atterrissage pour les boosters seront également construites à proximité. Elles permettront jusqu'à cinq retours simultanés de deux boosters par an pour les missions Falcon Heavy.

Cette modernisation est essentielle pour ne pas saturer le pas de tir SLC-4, qui continuera d'opérer jusqu'à 70 lancements de Falcon 9 chaque année.

Le bras de fer avec les autorités californiennes

L'approbation fédérale n'a pas été obtenue sans friction. En août, la Commission Côtière de Californie s'était opposée à cette augmentation de cadence, exprimant de vives inquiétudes.

L'agence étatique avait notamment invoqué un manque d'informations sur l'impact sonore des lancements et des bangs supersoniques générés par le retour des boosters sur la faune marine et terrestre locale.

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Lancement de Falcon Heavy en 2024 avec retour des deux boosters

Cependant, les opérations menées sur une base militaire fédérale relèvent de la juridiction de l'Air Force. Cette dernière a donc pu outrepasser l'avis de la commission, arguant de l'importance stratégique de ces lancements pour la sécurité nationale et les besoins commerciaux, qui priment sur les réglementations locales dans ce contexte précis.

Quelles conséquences pour le calendrier de SpaceX ?

L'étude d'impact environnemental menée par l'Air Force a conclu que les nuisances sonores, bien que potentiellement "agaçantes" pour les habitants de Lompoc, la ville la plus proche, ne constitueraient pas un impact significatif. Le document précise que l'armée se donne 90 jours pour développer un plan d'atténuation des effets de cette cadence accrue.

Le calendrier se précise également. Les travaux de modification du SLC-6 pourraient durer environ 18 mois, avec un début programmé fin 2025 ou début 2026. Les premiers tirs depuis ce complexe historique rénové ne sont donc pas attendus avant le début de l'année 2027.

Cette expansion californienne fait écho à une autorisation similaire obtenue en Floride, où SpaceX peut désormais effectuer jusqu'à 120 lancements par an depuis Cap Canaveral.

Avec cette double capacité sur les deux côtes américaines, SpaceX se dote des moyens logistiques pour accélérer encore le déploiement de sa constellation Starlink et consolider sa position dominante sur le marché des lancements. La prochaine étape sera de surveiller la vitesse à laquelle les infrastructures du SLC-6 deviendront opérationnelles pour concrétiser cette ambition.