Chaque jour, des satellites Starlink rentrent dans l'atmosphère et s'y consument dans un spectacle lumineux. Ce chiffre, voué à augmenter, met en lumière les risques croissants liés à la multiplication des constellations en orbite basse : le syndrome de Kessler et une pollution atmosphérique aux conséquences encore méconnues.

Le ciel nocturne offre de plus en plus souvent des traînées lumineuses lentes et fragmentées, bien différentes des météores fugaces. Ce phénomène est la signature visible de la désintégration de satellites Starlink.

Selon les spécialistes, entre un et deux de ces engins finissent leur course dans notre atmosphère chaque jour. Une cadence qui n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend.

Une pluie programmée de satellites

Cette retombée est au cœur de la stratégie de SpaceX. Les milliers de satellites Starlink sont placés en orbite terrestre basse (LEO), sous les 600 kilomètres d'altitude.

À cette hauteur, la traînée atmosphérique, bien que faible, est suffisante pour freiner progressivement les satellites et les faire chuter naturellement en fin de vie, qui est d'environ cinq ans.

Cette méthode, qualifiée de rentrée "non contrôlée mais assistée", permet d'éviter que des satellites en panne ne deviennent des débris errants pour des décennies. Cependant, avec des projets de constellations comptant plusieurs dizaines de milliers de satellites pour Starlink, et des milliers d'autres pour ses concurrents comme Amazon Kuiper, le calcul est simple : le nombre de rentrées atmosphériques quotidiennes pourrait bientôt atteindre cinq, voire huit par jour.

Le syndrome de Kessler, une menace en suspens ?

L'accumulation d'objets en orbite fait ressurgir le spectre du syndrome de Kessler. Ce scénario théorise un point de bascule où la densité de débris spatiaux devient telle qu'une seule collision en déclenche une réaction en chaîne, rendant des zones entières de l'orbite terrestre inutilisables. Si la stratégie de désorbitation rapide de Starlink limite ce risque, elle ne l'élimine pas.

Les astrophysiciens soulignent qu'une défaillance massive, causée par exemple par une tempête solaire, pourrait transformer subitement 1% de la constellation en débris incontrôlables, soit plusieurs centaines de "bombes à retardement" orbitales.

La plus grande inquiétude vient cependant d'autres projets, notamment chinois, prévus à des altitudes plus élevées (au-delà de 1 000 km), où les débris peuvent persister pendant des siècles et pour lesquels aucun plan de fin de vie clair n'a été présenté.

Quand l'atmosphère devient un incinérateur géant

Au-delà du risque de collision, une autre menace, plus insidieuse, prend forme : la pollution atmosphérique. En se consumant, les satellites libèrent dans la stratosphère les métaux qui les composent.

Une étude de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) a déjà révélé que 10% des aérosols dans cette couche cruciale, où se trouve la couche d'ozone, contiennent de l'aluminium et d'autres métaux exotiques issus de rentrées spatiales.

Ce chiffre pourrait grimper à 50% avec l'intensification du trafic. L'impact de ces particules sur la chimie de l'ozone ou sur le climat est un immense angle mort scientifique.

L'humanité est en train de mener une expérience à grande échelle sur sa propre planète, sans en connaître l'issue finale. Le spectacle des satellites mourants pourrait ainsi n'être que le prélude à des conséquences bien plus terre à terre.