En novembre 2024, Donald Trump a été élu 47ème président des Etats-Unis. En amont de son investiture au mois de janvier, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, dont l'orientation politique s'aligne au moins partiellement avec le nouveau maître de la Maison Blanche, a multiplié les déplacements aux Etats-Unis pour tenter de faire de son pays un interlocuteur privilégié au sein de l'Europe.

Ce fut aussi l'occasion de croiser à plusieurs reprises Elon Musk, le capitaine d'industrie devenu l'un des puissants alliés de Trump. Dans le contexte d'euphorie juste après l'élection du nouveau président, elle a porté une proposition : faire transiter les communications gouvernementales sécurisées itialiennes via la constellation Starlink.

Ce serait à la fois disposer d'un système très moderne pour les besoins du pays et constituer une forme d'allégeance au nouveau pouvoir outre-Atlantique avec l'espoir de gagner de l'influence par rapport aux grands pays européens traditionnels comme l'Allemagne et la France.

L'atout devient handicap pour l'Italie

Sauf que depuis le 20 janvier, Donald Trump enchaîne les mesures fortes pour répondre à son programme MAGA et "America First" dont une partie se joue contre l'Europe, accusée de tous les maux et de toutes les faiblesses.

Renversant les alliances existantes, cherchant à plaire à Moscou pour éviter de voir le Kremlin former une alliance durable avec la Chine et la Corée du Nord, le président énergique des USA s'est transformé en bête noire de l'Europe tandis qu'Elon Musk fait les frais de son rôle dans la guerre déclarée contre les fonctionnaires américains et les dépenses jugées inutiles.

De fait, la colère d'une partie de la population se manifeste par un rejet de plus de plus violent du constructeur Tesla qu'Elon Musk dirige quand il en a le temps parmi ses nombreuses occupations.

De même, la constellation Starlink, vue il y a quelques mois encore comme le nec plus ultra et un objet de désir de nombreux gouvernement, commence à sentir le soufre.

Les pays européens, observant comment l'accès à Starlink a pu peser pour forcer des négociations de paix en Ukraine, veulent de moins en moins se retrouver dans le même cas de figure si les tensions continuaient d'augmenter avec les Etats-Unis ou si ces derniers fermaient les yeux sur des actions offensives de Vladimir Poutine contre l'Europe dans quelques années.

Ce n'est que partie remise

Tandis que Starlink devient moins un passage obligé pour l'Europe qui devrait lui préférer des alternatives comme la constellation OneWeb d'Eutelsat et la future constellation souveraine IRIS2, la prudence est aussi de mise en Italie.

Le projet d'utilisation de Starlink pour les communications sensibles italiennes ne semble plus d'actualité et les négociations seraient au point mort, selon l'agence Reuters.

L'idée avait déjà fait l'objet d'une forte opposition de la gauche italienne et l'image de marque de plus en plus compliquée d'Elon Musk semble aussi peser dans les tractations, au point de faire caler le contrat envisagé sur cinq ans pour 1,5 milliard de dollars.

Le projet ne serait pas complètement abandonné mais il attendrait des jours meilleurs et apaisés. Entre-temps, Giorgia Meloni et ses équipes continuent de maintenir des relations avec les Etats-Unis et SpaceX tout en essayant de ne pas courroucer l'Europe qui cherche à afficher un front uni.

Source : Reuters