L'affaire a éclaté à Bury, près de Manchester, lorsque Ryan Cunliffe, un créateur de contenus sportifs, a décidé de s'attaquer à un segment particulièrement difficile sur l'application Strava, dédiée au suivi d’activités sportives, principalement la course à pied, le cyclisme, la marche, ou encore la randonnée. Confronté à la redoutable pente de la Rawsons Rake Climb, l'influenceur a délaissé sa préparation habituelle pour s'équiper d'une assistance robotique. Ce choix a provoqué une vague d'indignation et a ouvert un débat sur la place de la technologie dans les performances sportives connectées.

Strava

Un record pulvérisé grâce à la technologie

Pour conquérir la côte de 360 mètres affichant une pente moyenne de 11,2 %, Ryan Cunliffe s'est tourné vers l'HyperShell X. Cet exosquelette de seulement 2 kg, doté d'un moteur de 800W et piloté par une intelligence artificielle, lui a conféré un gain de puissance estimé à 40 % dans les jambes. Le résultat fut immédiat : il a amélioré le record existant de onze secondes, s'octroyant ainsi le titre de « King of the Mountain » (KOM), une distinction très convoitée sur l'application. La vidéo de son ascension, rapidement devenue virale avec plus d'un million de vues, était censée célébrer un exploit, mais elle a plutôt allumé une mèche.

HyperShell X

L'HyperShell X

La communauté running crie au scandale

Plutôt que des félicitations, l'influenceur a reçu une avalanche de critiques. Pour la communauté des coureurs, très attachée à l'équité sportive, cette performance assistée n'était rien d'autre qu'une supercherie. Les commentaires furieux se sont multipliés sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs réclamant son bannissement pur et simple de Strava. L'incident a mis en lumière le fossé entre la recherche de performance par la technologie et les valeurs traditionnelles de l'effort physique prônées par les athlètes amateurs.

Des excuses ironiques et une couronne rendue

Face à la tempête médiatique, Ryan Cunliffe a d'abord réagi avec une certaine désinvolture. Il a publié une vidéo d'excuses sur Instagram pour le moins ironique, filmé dans une piscine sur une bouée en forme de canard, en qualifiant sa tentative d'« expérience ». Il a ensuite lancé un sondage auprès de sa communauté, demandant si son record devait être validé ou non. Résultat : un « non » massif à 90 % sur plus de 15 000 votants.

Sous la pression populaire, l'influenceur a finalement retiré sa performance de la plateforme. La couronne de « King of the Mountain » est ainsi revenue à son détenteur précédent, Andy Mellor, un coureur local dont la performance avait été réalisée sans aucune assistance robotique.

HyperShell X

L'HyperShell X

L'exosquelette, nouvelle frontière du dopage numérique ?

Le cas de Ryan Cunliffe n'est pas isolé. D'autres créateurs de contenu, comme Chris Howett, ont également utilisé l'HyperShell X pour réaliser des performances, notamment un marathon en moins de trois heures, en admettant ouvertement avoir « triché ». Ces événements, qu'ils soient présentés sur un ton humoristique ou comme de véritables expérimentations, soulèvent une question de fond. L'usage de ces technologies d'assistance ouvre la porte à une nouvelle forme de dopage, qualifiée de « numérique », qui pourrait redéfinir les règles de la compétition sportive connectée à l'avenir.