Alors que les investissements dans le secteur technologique atteignent des sommets vertigineux, le PDG d'Alphabet tempère l'enthousiasme général. Sundar Pichai évoque une part d'irrationalité comparable à l'ère dotcom et prévient que même les géants de la tech ne sortiraient pas indemnes d'une correction brutale du marché.
Le secteur technologique vit actuellement au rythme effréné des annonces et des levées de fonds colossales. Depuis plusieurs mois, les valorisations des entreprises liées, de près ou de loin, aux algorithmes d'apprentissage automatique s'envolent, portées par des promesses de rentabilité futures souvent difficiles à quantifier dans l'immédiat.
C'est dans ce climat d'optimisme débridé que la voix de l'un des acteurs les plus influents de la Silicon Valley s'élève pour appeler à la raison, soulignant que les cycles d'innovation s'accompagnent souvent d'excès financiers temporaires.
Le spectre de la bulle internet des années 2000
Sundar Pichai n'hésite pas à dresser un parallèle avec l'éclatement de la bulle internet au tournant du millénaire pour illustrer la situation actuelle. Si l'impact profond de cette technologie sur la société est indéniable, la frénésie qui entoure l'intelligence artificielle comporte une part d'exubérance irrationnelle indéniable.
Comme pour le développement du web il y a vingt ans, beaucoup de capitaux risquent d'être perdus en chemin par ceux qui misent aveuglément sur chaque nouveauté, même si le fondement technologique reste solide à long terme.
Google face à la tempête potentielle
Interrogé sur la solidité de son propre navire face à ces turbulences, le dirigeant se montre lucide mais confiant quant à la résilience de son groupe. Il affirme sans détour qu'aucune société, pas même Alphabet, ne serait totalement immunisée contre un retournement violent du marché ou une perte de confiance des investisseurs.
Toutefois, la firme de Mountain View estime disposer d'atouts structurels majeurs, notamment sa maîtrise complète de la chaîne technologique, pour encaisser le choc mieux que ses concurrents.
Des coûts énergétiques et financiers colossaux
Au-delà de la pure spéculation boursière, la réalité matérielle de ces technologies pèse lourd sur les bilans et impose une stratégie industrielle rigoureuse.
Les infrastructures nécessaires pour faire tourner les modèles de langage engloutissent des ressources pharaoniques, un défi que Pichai justifie par une vision à long terme malgré les critiques sur la consommation électrique.
Ce niveau de dépense pourrait devenir insoutenable pour les acteurs les plus fragiles si les revenus ne suivent pas rapidement la courbe exponentielle des coûts d'infrastructure.
Cette course à la puissance de calcul soulève également des questions environnementales pressantes, retardant certains objectifs climatiques de l'entreprise.
Le dirigeant reconnaît que l'appétit énergétique de l'IA est immense, nécessitant des investissements massifs dans de nouvelles sources d'énergie pour éviter de contraindre l'économie numérique de demain.
Reste à savoir si le marché saura s'autoréguler avant que la correction ne s'impose d'elle-même, redessinant potentiellement le paysage technologique mondial.