Les menaces de hausses de tarifs douaniers de Donald Trump contre la Chine provoquent une envolée des actions des sociétés minières américaines spécialisées dans les terres rares.
Ce bras de fer géopolitique met en lumière la dépendance stratégique des États-Unis et stimule les investissements dans un secteur jugé critique pour la sécurité nationale et l'industrie de pointe.
La semaine s'est ouverte sur une forte hausse pour les mineurs américains de terres rares. Des entreprises comme USA Rare Earth, Critical Metals, Energy Fuels et MP Materials ont vu leurs actions bondir, certaines enregistrant des gains de plus de 18% en début de séance.
Cette poussée est la conséquence directe des récentes déclarations du président Donald Trump, qui a menacé la Chine de tarifs douaniers "massifs" en réponse à ses contrôles stricts sur l'exportation de ces éléments cruciaux.
Pourquoi ces minerais sont-ils si stratégiques ?
Les terres rares, malgré leur nom, ne sont pas particulièrement rares dans la croûte terrestre. Leur complexité réside dans leur extraction et leur raffinage, des processus coûteux et souvent polluants.
Or, ces 17 éléments métalliques sont absolument indispensables à la fabrication de technologies de pointe. Ils sont au cœur des systèmes de guidage de missiles, des moteurs de véhicules électriques, des smartphones et de nombreuses applications robotiques.
La Chine contrôle une part écrasante de la production mondiale mais aussi des techniques d'extraction et de raffinage via ses brevets et droits de licence, créant une vulnérabilité majeure pour les industries américaines qui en dépendent lourdement.
Une réponse coordonnée des institutions américaines
Face à cette dépendance jugée excessive, les institutions américaines semblent passer à l'action. Le Pentagone accélère ses plans pour constituer un stock stratégique d'un milliard de dollars de minéraux critiques, incluant le cobalt et l'antimoine, afin de créer un tampon de sécurité. Cela vise à protéger la chaîne d'approvisionnement de la défense nationale.
Dans le même temps, le secteur financier envoie un signal fort. La banque d'affaires JPMorgan Chase a annoncé un investissement pouvant atteindre 10 milliards de dollars dans des entreprises jugées essentielles à la sécurité nationale américaine.
Jamie Dimon, son PDG, a souligné qu'il était devenu "douloureusement clair" que les États-Unis étaient devenus trop dépendants de sources peu fiables héritées de la mondialisation.
Une simple escarmouche ou une tendance de fond ?
La situation reste volatile. Après ses menaces initiales, Donald Trump a tenté de calmer le jeu, affirmant que la situation avec la Chine "finirait par s'arranger". On retrouve ici la tactique classique des menaces féroces suivies de déclarations plus diplomatiques pour tenter de négocier à son avantage.
Cependant, les chiffres montrent que Pékin ne semble pas prêt à lâcher du lest. Les exportations chinoises de terres rares ont chuté de 31% en septembre par rapport au mois précédent et les contrôles des volumes et des technologies se sont significativement durcis.
Pour les investisseurs, le calcul est simple : tant que les tensions persistent, les producteurs américains de terres rares bénéficient d'un avantage concurrentiel. L'enjeu est désormais de savoir si cette dynamique suffira à rebâtir une filière nationale durable, ce qui demande du temps et des investissements conséquents, ou si la pression économique reprendra ses droits une fois la crise diplomatique passée.