Les relations commerciales entre Washington et Pékin s'enveniment de nouveau. Donald Trump, en pleine escalade verbale et politique, a menacé d'instaurer des tarifs pouvant atteindre 200 % sur les exportations chinoises si le pays ne lui livre pas les terres rares comme promis, en particulier les aimants permanents.

Cette mesure vise directement un secteur vital pour les technologies de pointe, des véhicules électriques aux systèmes de défense. De son côté, Pékin renforce ses restrictions sur l’utilisation et l’exportation de ces matériaux, se montrant à la fois moins souple sur ses engagements et ayant bien compris le puissant levier de négociation que constituent ces approvisionnements.

Les marchés internationaux observent avec inquiétude cette confrontation qui pourrait annoncer de nouvelles envolées des prix et des restrictions d'accès durcies.

Trump fait du Trump

Lors d’une déclaration récente, Donald Trump a menacé de taxer durement les produits chinois importés et met en avant la possibilité de faire bloquer l'exportation de pièces d'avion Boeing, ce qui clouerait au sol plusieurs centaines d'avions.

Le coup de colère du président américain intervient alors qu'un accord semblait avoir été trouvé il y a quelques mois entre les deux nations de manière à éviter des tarifs douaniers excessifs, de plus de 100% de part et d'autre.

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Visiblement, Beijing a décidé de s'émanciper quelque peu du projet initial, sachant sa position incontournable dans l'approvisionnement de ces composants stratégiques.

Les terres rares jouent un rôle clé dans dans de multiples secteurs, des véhicules électriques aux éoliennes en passant par les appareils électroniques du quotidien mais aussi des équipements militaires de pointe.

Pékin resserre ses propres contrôles

La réaction de Washington vient peut-être aussi du fait que le gouvernement chinois a choisi de renforcer ses propres règles concernant les minéraux critiques. La Chine semble avoir décidé d'imposer des contrôles plus stricts non seulement sur l’extraction et l’exportation des terres rares locales, mais aussi sur les minerais importés afin de maintenir la main sur un secteur où elle détient une position de domination mondiale.

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Les autorités chinoises veulent connaître les volumes exacts traités et jouer de leur position dominante dans la production et l'exportation pour en faire un argument commercial.

Cette mesure accroît la complexité pour les entreprises étrangères qui dépendent de ces ressources. Elle signale également que Pékin est prêt à utiliser sa puissance dans les terres rares comme un levier géopolitique face aux pressions américaines.

Un affrontement aux répercussions mondiales

Au-delà des deux superpuissances, les pays tiers, ainsi que les industries mondialisées, pourraient subir de plein fouet les répercussions. Les fabricants de batteries, de semi-conducteurs ou encore d’équipements de défense risquent de voir leurs coûts augmenter et leurs chaînes d’approvisionnement chamboulées.

Les marchés mondiaux guettent les conséquences de ces tensions avec une possible inflation sur le prix des composants électroniques, la recherche accélérée de nouvelles sources de matières premières et un déplacement des investissements vers des régions comme l’Australie ou l’Afrique, riches en réserves de terres rares.

La bataille autour des terres rares met ainsi en lumière la dépendance structurelle des économies développées à une ressource contrôlée en très grande partie par la Chine.

Vers un nouvel équilibre stratégique ?

A court terme, les Etats-Unis veulent s'assurer que l'accord passé avec la Chine sera respecté. Lors de son annonce, l'approvisionnement en terres rares semblait également conditionné à l'exportation de composants IA vers la Chine.

Mais cette dernière s'est montrée méfiante vis à vis des accélérateurs IA Nvidia H20 pourtant plébiscités jusqu'à présent. Ce rejet est potentiellement une tentative pour obtenir des composants IA plus récents et performants, utilisant l'architecture Blackwell.

Mine terres rares

A plus long terme, ces tensions peuvent inciter à développer des fournisseurs alternatifs en terres rares. C'est possible mais cela demande du temps, alors que les besoins sont immédiats.

C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles Donald Trump veut faire autoriser l'exploitation des nodules polymétalliques au fond des océans, ce qui permettrait de se passer, au moins en partie, des réserves chinoises. Plus tard, l'exploitation minière spatiale pourrait aussi être une voie d'indépendance en matière d'approvisionnement.

Pour l'heure, le gouvernement chinois paraît peu impressionné par la menace des tarifs douaniers à 200% et y voit un nouveau coup de bluff qui s'apaisera une fois la situation clarifiée et certaines assurances obtenues.