La scène tech américaine n’avait pas connu un tel séisme depuis longtemps. Le duel entre Elon Musk et Donald Trump vient de franchir un nouveau cap, avec des conséquences immédiates pour Tesla et, plus largement, pour l’industrie des véhicules électriques.
Entre menaces de suppression de subventions, allusions à une expulsion de Musk et effondrement du cours en Bourse, la tension ne cesse de monter. Les investisseurs, déjà fébriles, assistent à une véritable partie d’échecs où chaque coup semble plus risqué que le précédent.
Un clash politique qui fait trembler la Bourse
La querelle entre Elon Musk et Donald Trump n’a rien d’une simple dispute de cour d’école. Depuis que Musk s’est publiquement opposé au gigantesque plan de dépenses baptisé "One Big Beautiful Bill", la riposte présidentielle ne s’est pas fait attendr, d'autant plus que le projet a été validé de justesse, la voix du vice-président J.D. Vance faisant pencher la balance en faveur de la "grande et belle loi".
Trump, via son réseau Truth Social, a multiplié les attaques, pointant du doigt les milliards de subventions fédérales reçues par Musk et menaçant de couper le robinet.
Résultat immédiat : l’action Tesla a plongé de plus de 7% mardi matin, effaçant des milliards de valorisation en quelques heures. Pour les analystes, ce bras de fer politique pèse lourd, en plus du ralentissement des ventes observé par le constructeur ces derniers trimestres.
Le marché n’a pas tardé à réagir. Alors que le S&P 500 et le Nasdaq affichaient de nouveaux records, Tesla s’effondrait, entraînant dans sa chute la fortune de Musk, qui a perdu 12 milliards de dollars en une seule journée.
Les investisseurs redoutent que l’administration Trump ne passe à l’action, en mettant sous la loupe les contrats fédéraux de Tesla et SpaceX, ou en accélérant la suppression des crédits d’impôt pour les véhicules électriques. Un contexte explosif pour une entreprise déjà sous pression sur le marché européen.
Menaces d’expulsion et DOGE : la surenchère politique
La tension ne s’arrête pas à la sphère économique. Interrogé sur une possible expulsion de Musk, Trump a lâché un « On va devoir regarder ça », tout en évoquant la possibilité de lancer le DOGE – la fameuse Department of Government Efficiency, que Musk avait dirigée avant de quitter l’administration en mai, contre son ex-allié de campagne présidentielle.
Trump ironise : « DOGE, c’est le monstre qui pourrait bien devoir retourner manger Elon. Il reçoit tellement de subventions… ». Ces déclarations, à la fois provocatrices et lourdes de sens, illustrent un changement radical dans la relation entre les deux hommes, autrefois alliés politiques.
La menace est claire : sans les subventions, « Elon devrait probablement fermer boutique et retourner en Afrique du Sud », martèle Trump. Ce climat de défiance atteint un sommet alors que Musk, sur X, qualifie la loi soutenue par Trump de « complètement folle et destructrice », dénonçant des cadeaux à des industries dépassées au détriment de l’innovation. La perspective d’une coupure nette des aides fédérales fait frémir tout l’écosystème tech, et pas seulement les actionnaires de Tesla.
Les menaces de dissolution de contrats ou de suppression de crédits d’impôt sont loin d’être de simples effets d’annonce : elles pourraient bouleverser l’équilibre financier de plusieurs géants du secteur.
Tesla, SpaceX et la dépendance aux subventions : un modèle remis en question
Au-delà du duel d’ego, c’est tout le modèle économique de Musk qui se retrouve sous le feu des projecteurs. Selon plusieurs analyses, les entreprises de Musk auraient bénéficié de plus de 38 milliards de dollars d’aides publiques, entre subventions, crédits d’impôt et contrats fédéraux. Rien que pour SpaceX, on parle de plus de 21 milliards de dollars de marchés publics. Tesla, de son côté, risquerait de perdre jusqu’à 1,2 milliard de dollars de profits annuels si les crédits d’impôt pour véhicules électriques disparaissaient dès septembre.
La question de la viabilité du modèle Musk se pose donc avec acuité. Le retrait brutal des aides fédérales, combiné à une baisse des ventes en Europe, pourrait fragiliser l’ensemble de l’empire. Les investisseurs, eux, scrutent chaque tweet, chaque déclaration, dans l’attente d’un éventuel apaisement. Mais pour l’instant, la tendance est à la nervosité, et la confiance s’effrite.
Face à cette incertitude, certains observateurs s’interrogent : la transition énergétique américaine peut-elle survivre à une guerre ouverte entre ses deux figures les plus influentes ? Le sort de Tesla, mais aussi celui de l’innovation made in USA, pourrait bien se jouer dans les prochaines semaines.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir Musk menacer à demi-mot de créer un nouveau parti politique, l'America Party, ou d’appeler à des primaires contre les Républicains favorables à la loi. La bataille ne fait que commencer, et le marché, lui, retient son souffle.
Pour suivre l’évolution de cette saga et comprendre comment Tesla compte rebondir, il faudra garder un œil attentif sur les prochaines annonces… et sur les réseaux sociaux, où chaque post peut déclencher une nouvelle tempête.