Depuis son lancement pilote en juin, le projet de robotaxi de Tesla à Austin semblait sur une trajectoire parfaite. L’application mobile a été ouverte à tous en septembre, et la flotte a officiellement doublé en novembre, atteignant 32 véhicules. Le constructeur a même entamé le processus pour retirer les superviseurs humains, une étape symbolique forte. Pourtant, derrière cette façade de succès se cache une réalité bien différente, un leurre séduisant pour les observateurs et les investisseurs.

Que révèle vraiment l'analyse des données du service ?

Le vernis a craqué grâce au travail d’Ethan McKanna, un étudiant en ingénierie de l’université Texas A&M. En utilisant l'ingénierie inverse sur l’API de l’application Robotaxi, il a collecté des données précieuses. Ses observations, menées sur plusieurs semaines, montrent qu’en réalité, moins de dix véhicules circulent simultanément dans Austin, et souvent même entre un et cinq seulement. Une flotte ridicule pour un service censé être révolutionnaire.

Les chiffres sont sans appel : le service est indisponible environ 60 % du temps, y compris durant les heures de pointe officielles. L'application affiche fréquemment un message de « forte demande », mais il ne s'agit pas d'un pic d'utilisation. C'est simplement la conséquence directe d'une offre quasi inexistante. Avec si peu de voitures en service, la moindre requête suffit à engorger le système, créant une illusion de popularité alors qu'il s'agit d'une pénurie organisée.

Pourquoi un tel décalage entre les annonces et la réalité ?

Cette situation projette une lumière crue sur les déclarations estivales d’Elon Musk. Le PDG de Tesla affirmait sans ciller que ses robotaxis couvriraient la moitié de la population américaine d'ici la fin de l'année. Dans les faits, le service couvre à peine la moitié de la ville d’Austin, et de manière très sporadique. Ces promesses s’ajoutent à une longue liste d’annonces spectaculaires du milliardaire qui peinent à se matérialiser.

L'objectif principal semble être une question d'image. Face à des concurrents comme Waymo qui étendent rapidement leurs propres réseaux de véhicules autonomes, Tesla doit à tout prix maintenir l'illusion qu'il est le leader du secteur. Le projet d'Austin, situé dans un Texas aux régulations souples, ressemble donc plus à une manœuvre de communication bien orchestrée qu'au lancement d'un service fonctionnel. Il s'agit de donner un gage de réussite à Elon Musk après une décennie de délais manqués.

Quelles sont les implications pour Tesla et ses utilisateurs ?

Le point le plus préoccupant de cette stratégie est le risque pour la sécurité. Annoncer le retrait des superviseurs humains d'un système qui fonctionne à peine et dont le taux d'accidents serait déjà supérieur à celui des conducteurs humains est une décision pour le moins audacieuse. Le superviseur est censé prévenir des accidents supplémentaires, et son retrait prématuré pourrait avoir des conséquences graves pour tous les usagers de la route.

Au final, si Tesla réussit les « choses faciles » pour l'image, comme ajouter des véhicules à une flotte dormante ou étendre une zone de service virtuelle, le service réel reste une coquille vide. Quel est l'intérêt d'une flotte de 32 véhicules si seulement une poignée est en opération ? Quel est le but d'ouvrir un service au public s'il ne peut assurer que quelques trajets par heure ? Pour l'instant, le Robotaxi de Tesla est surtout une machine à créer des titres plutôt qu'à transporter des passagers.

Source : Electrek