Imaginez un train flottant au-dessus de ses rails, filant à des vitesses approchant celles d'un avion. C'est la promesse des trains à lévitation magnétique, ou Maglev (abréviation de magnetic levitation), sur lesquels la Chine travaille activement. Mais cette technologie se heurte à un mur, au sens propre comme au figuré. Lorsqu'un train s'engouffre à très haute vitesse dans un tunnel, il comprime l'air devant lui comme un piston. Cette surpression, en s'échappant, crée une onde de choc, un "bang" assourdissant capable d'endommager la structure du tunnel et de terroriser le voisinage. Des ingénieurs chinois pensent avoir trouvé la parade.

Maglev chine

Le "bang" du tunnel, un mur du son pour les trains

Ce phénomène, appelé tunnel boom, n'est pas nouveau. Notre TGV national le connaît, mais à ses 320 km/h, l'effet reste contenu. Pour un Maglev lancé à 600 km/h ou plus, le problème change d'échelle. Le "bang" devient si violent qu'il représente un frein majeur au développement de ces trains ultra-rapides. Plus la vitesse est élevée, plus l'onde de choc se forme rapidement, transformant chaque tunnel en un potentiel canon sonore. Sans une solution à ce problème, impossible d'envisager sereinement des lignes commerciales frôlant les 1000 km/h.

Un silencieux de pistolet pour calmer le train

D'où vient la solution ? De manière inattendue, du monde de l'armement. Pour neutraliser le bruit, les chercheurs chinois se sont inspirés du mécanisme des silencieux de pistolets. Leur idée est d'installer à l'entrée et à la sortie des tunnels des "amortisseurs" de 100 mètres de long. Ces structures sont faites d'un matériau poreux, un peu comme une éponge, et les parois du tunnel sont également recouvertes d'une texture similaire.

Le résultat est simple et efficace : au lieu de s'accumuler et d'exploser, l'air compressé peut s'échapper progressivement à travers ces pores. Les tests en simulation montrent une réduction de la surpression allant jusqu'à 96 %. Le coup de tonnerre se transforme en un simple claquement.

Transrapid de Shanghai

Transrapid de Shanghai (Wikipédia)
Il s'agit d'un type particulier de Maglev, développé en Allemagne, utilisant une lévitation électromagnétique (EMS) avec les aimants sous le train qui “l’agrippent” à la voie. Il est conçu pour de très hautes vitesses (500 km/h et plus).

Vers le 1000 km/h, une alternative à l'avion

Cette avancée technique pourrait être la pièce manquante pour faire du Maglev une réalité à grande échelle. L'objectif de la Chine est clair : créer un moyen de transport terrestre capable de rivaliser avec l'avion sur de longues distances. Sur un trajet comme Pékin-Shanghai (plus de 1000 km), un tel train mettrait 2h30, soit le temps d'un vol porte-à-porte, pour un coût inférieur et un impact carbone bien plus faible. Pour l'heure, la technologie est validée par des simulations et des prototypes, avec des tests ayant atteint des vitesses proches des 1000 km/h. Aucune ligne commerciale n'est encore annoncée, mais le projet avance.

Et le reste du monde dans tout ça ?

Pendant que la Chine innove, les autres nations avancent plus prudemment :

  • Le Japon développe son propre Maglev, le Chuo Shinkansen, mais le projet a pris du retard.
  • Les États-Unis ont récemment annulé leur principal projet de train à grande vitesse financé par l'État.
  • La France continue de miser sur l'évolution de son TGV, avec le futur TGV M, sans projet de Maglev à l'ordre du jour.

L'invention chinoise pourrait donc donner à Pékin une avance considérable dans la course au transport terrestre du futur, en résolvant un problème qui freinait tout le monde.

Source : The Guardian