C'est un coup d'arrêt pour le rail nocturne français. La commande massive de nouveaux trains, attendue en janvier et chiffrée à un milliard d'euros, est officiellement suspendue. Philippe Tabarot, le ministre des Transports, a confirmé ce mardi que l'impasse politique actuelle empêche l'État d'engager cette dépense cruciale pour moderniser un parc ferroviaire à bout de souffle.
Pourquoi cette commande est-elle bloquée ?
La raison est purement institutionnelle : le Parlement n'ayant pas adopté le projet de loi de finances pour 2026 avant la date butoir, le gouvernement est contraint d'opérer sous le régime d'une "loi spéciale". Ce mécanisme temporaire assure la continuité de l'État mais gèle toute nouvelle dépense d'envergure, notamment ce budget si attendu.
Philippe Tabarot l'a expliqué sans détour sur RTL : cette loi est un "sparadrap" qui ne permet pas d'engager les investissements nécessaires. La commande, qui devait porter sur 180 rames et 27 locomotives, ne peut donc pas être passée. Un pays qui n'investit pas, a-t-il alerté, est un "pays qui se meurt".
Quelles sont les conséquences concrètes pour les voyageurs ?
La conséquence la plus visible est un retard considérable dans la modernisation du matériel. Les voyageurs continueront d'emprunter les emblématiques mais vieillissantes rames Corail, qui fêtent leurs 50 ans, tractées par des locomotives tout aussi anciennes et sujettes aux pannes. Le confort et la fiabilité ne seront pas au rendez-vous de sitôt.
Ce report allonge mécaniquement les délais de livraison, déjà estimés à plusieurs années. L'objectif initial d'une réception des nouvelles rames "fin 2029, début des années 2030" semble désormais très optimiste. Le succès croissant des huit lignes de trains de nuit existantes, avec près d'un million de voyageurs l'an passé, risque de se heurter à un matériel inadapté.
Le développement de nouvelles lignes est-il menacé ?
Absolument. Même avant ce blocage, le volume de la commande était jugé insuffisant par des associations comme Réseau action climat. Il permettait tout juste de moderniser les lignes existantes, sans créer de nouvelles liaisons promises par l'exécutif. Ce contretemps budgétaire enterre un peu plus les espoirs d'expansion du réseau nocturne.
D'autres secteurs sont également touchés, transformant ce dossier en un symbole de l'impasse politique. Le ministre a précisé que la "grande réforme du contrôle aérien" et d'autres investissements sur les réseaux routier et ferré sont aussi mis en pause. L'incapacité à voter un budget a donc des répercussions directes et multiples sur les infrastructures du pays.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quel était le montant de l'investissement prévu ?
L'investissement bloqué par l'impasse budgétaire s'élevait à environ un milliard d'euros. Cette somme était destinée à l'achat de 180 rames neuves et 27 locomotives pour moderniser la flotte des trains de nuit en France.
D'autres secteurs que le ferroviaire sont-ils impactés ?
Oui, le ministre des Transports a également mentionné le report d'investissements cruciaux pour la modernisation du contrôle aérien. D'autres projets d'infrastructures sur les réseaux routiers et ferrés en général sont aussi suspendus faute de budget voté.