Le fondeur taiwanais TSMC est soumis à de rude secousses actuellement. Le leader mondial des producteurs de composants électroniques subit la pression de Donald Trump pour bâtir des sites de production de puces avancées aux Etats-Unis, avec la menace d'accroître encore la pression des tarifs douaniers à des niveaux intenables.
La tactique de Trump est toujours la même mais le gouvernement taiwanais a trop besoin d'un soutien américain afin de refroidir les ardeurs de la Chine, prête à récupérer ce territoire qu'elle considère comme sien, pour être en capacité de s'opposer frontalement à la Maison Blanche.
Taiwan a fait le choix de ne pas répliquer à la hausse de 35% des tarifs douaniers qui lui sont imposées, préférant mettre la main à la poche pour compenser et affirmant avoir suffisamment de débouchés sur les autres marchés.
Le Département du Commerce à la manoeuvre
Mais le gouvernement américain a d'autres moyens de pression sur TSMC. Selon Reuters, la firme taiwanaise risque une amende qui pourrait atteindre 1 milliard de dollars après la découverte de puces produites dans ses usines retrouvées dans des processeurs IA de Huawei, malgré l'embargo imposé par les USA.
L'affaire avait été révélée en octobre 2024 et concerne le processeur Huawei Ascend 910B. TSMC n'a pas commercé directement avec Huawei mais a fourni des composants à des entreprises intermédiaires non directement visées par les restrictions commerciales mais qui ont ensuite transmis ces puces au groupe chinois.
Un rapport avait relevé que Huawei disposait d'un vaste réseau de sociétés-écran pour s'approvisionner en composants récents malgré les interdictions et les mesures de renforcement de l'embargo décidées par l'administration Trump en mars ont justement cherché à interrompre ces flux cachés.
TSMC avait rapidement coupé l'accès à ses puces de la société chinoise Sophgo, soupçonnée d'avoir permis d'intégrer des éléments produits par TSMC dans la puce Ascend 910B mais le Département du Commerce américain ne compte pas lâcher l'affaire et entend punir le fondeur taiwanais pour avoir participé à la conception de ces puces avec une entreprise chinoise reliée à Huawei et dans le domaine très sensible de l'intelligence artificielle.
Durcissement de ton, recherche de sanctions
TSMC utilisant des technologies d'origine américaine dans ses procédés de gravure, il est soumis à la supervision des services douaniers américains, ce qui a permis de couper toute relation directe avec Huawei dès 2019.
Nul doute que cette affaire pourra servir de levier dans les négociations pour forcer TSMC à investir plus aux Etats-Unis et tenter de l'obliger à y faire migrer ses techniques de gravure les plus avancées, ce que le fondeur a toujours refusé de faire.
Les semi-conducteurs sont un sujet hautement stratégique pour Taiwan et son gouvernement s'inquiète de subir un transfert de technologies forcé vers les USA. TSMC a déjà promis 100 milliards de dollars d'investissement dans ses usines américaines comme signe de bonne volonté mais cela pourrait ne toujours pas suffire pour Donald Trump.