Depuis 2019, le groupe chinois Huawei fait l'objet de multiples restrictions de la part du gouvernement américain, ce qui ne lui permet plus de faire appel aux technologies d'origine US dans la conception comme la production de puces.
La firme ne peut ainsi pas faire appel aux techniques de gravure fine et aux sites de production du fondeur taiwanais TSMC, numéro un mondial dans la fonderie. Et pourtant, c'est bien un composant IA produit par le fondeur qui a été retrouvé dans la puce Ascend 910B de Huawei, composant destiné au traitement d'intelligence artificielle, par TechInsights.
Un trou dans la raquette des restrictions
Pour éviter le scandale et prouver sa bonne foi, TSMC a averti les autorités américaines tout en rappelant qu'il ne fournit plus de puces à Huawei depuis septembre 2020.
Comment ce composant est-il malgré tout arrivé dans le processeur de Huawei ? C'est sans doute le résultat du fameux réseau secret d'entreprises chinoises non visées directement par les sanctions mais qui oeuvreraient discrètement pour le géant chinois et dont certains parlementaires américains dénoncent le rôle visant clairement à contourner les restrictions mises en place.
Ils réclament ainsi l'inclusion de dizaines d'entreprises chinoises supplémentaires à la liste noire des Etats-Unis pour s'assurer que l'embargo ne puisse pas être contourné.
Pour rassurer, TSMC a démenti de son côté l'existence d'une investigation US le visant directement et a redit sa totale coopération avec les autorités américaines pour faire la lumière sur cette affaire et déterminer comment ce composant a pu se retrouver dans la puce de Huawei.
Pas si facile de tout contrôler
Au-delà de la surprise de la présentation d'une puce Kirin 9000S gravée en 7 nm fin 2023 présente dans les smartphones de série Mate 60, Huawei est déjà soupçonné de violation de l'embargo concernant le modem 5G qui utiliserait des technologies US en violation des restrictions imposées.
L'affaire illustre à la fois la difficulté de faire respecter des restrictions américaines couvrant le champ très large des semi-conducteurs, des outils de production aux techniques de gravure en passant par la maintenance des équipements mais aussi la capacité de Huawei à trouver des astuces pour contourner les dites mesures.
Certes, Huawei n' a pas pu faire produire l'ensemble de sa puce Ascend chez TSMC et utilise majoritairement des composants d'origine chinoise mais la firme n'a vraisemblablement pas trouvé d'alternative à un élément particulier du SoC.
Elle a donc fait le choix de passer outre, discrètement et en passant par des sociétés intermédiaires. Il reste maintenant à voir quelles seront les conséquences et si les Etats-Unis vont continuer d'intensifier les restrictions et les contrôles.