Pas de temps mort en ce début de règne de Donald Trump. Le nouveau président des Etats-Unis déroule les mesures visant à faire du pays une force majeure, respectée et crainte, quitte à bousculer jusqu'à ses alliés.
Le milliardaire multiplie les décrets et joue de la menace des taxes douanières pour atteindre ses objectifs, parfois brutalement. Parmi ses ambitions, il y en a une qui ne date pas d'hier : relocaliser les moyens de production de puces aux Etats-Unis pour générer des emplois, sécuriser les approvisionnements et se mettre à l'abri d'un coup fourré de la Chine.
La volonté est claire : rapatrier le savoir-faire de production en matière de semi-conducteurs mais aussi pharmaceutique et plus généralement des biens essentiels aux Etats-Unis.
A rebours d'une mondialisation qui ne semble plus intéresser grand-monde, Donald Trump appelle au rapatriement des savoir-faire dans son pays et compte sur une arme de dissuasion : les taxes douanières qu'il promet de faire grimper à 25%, 50% ou même 100% pour ceux qui résisteraient.
Trump veut ainsi que les entreprises américaines qui sont allées voir ailleurs, et notamment en Asie, ces dernières décennies pour réduire leurs coûts fassent machine arrière et reconstruisent des usines aux USA.
Retourner le savoir-faire aux Etats-Unis
Si ce n'est pas aussi simple à dire qu'à faire, les sites de production demandant plusieurs années d'efforts pour être bâties avec tout le nécessaire des approvisionnements autour à l'emploi qualifié, et avec des coûts du travail plus élevés, cela pourrait devenir la seule alternative pour les entreprises américaines exploitant les technologies de gravure les plus fines.
L'annonce de Donald Trump est de mauvais augure pour Taiwan qui a fait des semi-conducteurs et de la gravure fine un atout stratégique mais qui reste sous la menace d'une invasion de son voisin chinois un jour ou l'autre...et pour laquelle le soutien défensif des Etats-Unis n'est pus aussi assuré qu'auparavant.
La protection inconditionnelle de l'Amérique n'est plus garantie et Taiwan devrait payer pour la mériter, avait souligné Donald Trump alors en campagne, ce qui n'avait pas manqué de jeter un froid et de poser des questions.
Donald Trump en a profité pour fustiger l'idée du CHIPS Act mis en place par son prédécesseur en 2023 et qui veut assurer une relocalisation via une aide financière de plus de 40 milliards de dollars.
Les décisions de Trump profiteront-elles à Intel et son service de fonderie IFS ?
Selon lui, les entreprises n'ont pas besoin d'argent public et ont bien assez dans leurs réserves pour financer elles-mêmes leurs usines...et de façon accélérée si elles veulent éviter de payer bientôt des milliards en taxes douanières.
Il reste que les techniques de gravure les plus fines sont toujours le domaine exclusif des usines taiwanaises et que, même avec beaucoup de bonne volonté, les Etats-Unis n'auront pas d'équivalent sur leur territoire avant la fin de la décennie au mieux.
Comme du billard à trois bandes
L'augmentation des taxes douanières risque également d'augmenter très rapidement les prix des ordinateurs, serveurs, smartphones et autres équipements informatiques dans un marché mondial déjà éprouvé par l'inflation et les incertitudes diverses.
Les ventes de PC et de smartphones reprennent seulement des couleurs après les années Covid et ajouter des taxes serait un bon moyen pour tuer leur croissance dans l'oeuf.
Rien que le fait d'utiliser des puces Made in America devrait conduire à une hausse mécanique des prix, le coût du travail n'étant pas le même aux Etats-Unis et en Asie, ce qui constituait l'une des raisons d'être des délocalisations.
Il reste donc à voir dans quelles mesures la hausse des taxes douanières sera appliquée et avec quel périmètre. Donald Trump adore manier la menace pour parvenir à ses fins et ne la met pas toujours à exécution, se donnant ainsi une image de magnanimité.