Le monde des semi-conducteurs est en pleine agitation. La découverte par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), géant mondial des puces, d’un important vol de données sensibles sur sa technologie de pointe de 2 nanomètres fait trembler toute l’industrie.
Ce braquage technologique impliquerait des employés actuels et anciens de TSMC ayant capturé et partagé plusieurs centaines d’images techniques confidentielles, transmises à un concurrent dont on connaît maintenant l'identité.
L’ampleur du scandale dévoilée
Les faits remontent à une série d’accès suspects détectés fin juillet 2025 au sein des systèmes internes de TSMC. Ces accès, brefs mais répétés, ont permis à plusieurs employés de photographier des documents qui détaillent la fabrication du procédé 2 nm, considéré comme une révolution dans la miniaturisation des puces.
Au total, plus de 400 images étaient transmises via des smartphones vers des réseaux liés à Tokyo Electron (TEL), un important fournisseur d’équipements pour semi-conducteurs, et un intermédiaire clé vers Rapidus, le futur fondeur issu d'un regroupement de plusieurs entreprises japonaises et qui prépare son entrée sur le marché dans deux ans avec une technique de gravure en 2 nm.
Cette révélation a débuté une enquête coordonnée entre TSMC, la justice taïwanaise et les autorités de sécurité nationales, aboutissant à l’arrestation de plusieurs suspects, dont deux employés actuels et un ancien.
Ceux-ci font face à des accusations très lourdes de violation de la sécurité nationale et de vol de secrets industriels. Les recherches ont aussi mené à des perquisitions chez Tokyo Electron à Taïwan, soulignant la complexité de cette affaire impliquant plusieurs parties au cœur de la chaîne d’approvisionnement technologique.
Rapidus et Tokyo Electron : une relation sous tension
Rapidus, jeune acteur japonais soutenu par un vaste consortium industriel et étatique, construit actuellement une usine dédiée à la production de puces en technologie 2 nm.
TSMC domine aujourd’hui ce segment, mais Rapidus projette d’entrer sur le marché dès 2027, porteur d’un enjeu stratégique pour la souveraineté technologique japonaise.
Le rôle de Tokyo Electron est ambivalent : fournisseur majeur à la fois pour TSMC et Rapidus, il se trouve dans une position délicate, perçue comme un pont fragile entre alliés et concurrents.
TSMC : une domination grâce aux techniques de gravure fine
Les images volées concernent probablement des données relatives à l’optimisation de la production, critiques pour améliorer les rendements et la qualité des puces. Si Rapidus utilise ces informations, l’impact pourrait bouleverser la hiérarchie industrielle mondiale, en accélérant le recul de TSMC sur son terrain dominé depuis des années.
Toutefois, l’enquête cherche à déterminer si Rapidus a effectivement exploité ces secrets volés ou non, un point qui pourrait peser lourd dans les suites judiciaires.
Les enjeux géopolitiques et industriels derrière le scandale
Au-delà de la simple affaire de vol, cet incident illustre la rivalité intense entre Taïwan et le Japon, soutenue par des constructeurs et gouvernements déterminés à contrôler les technologies clés.
Cette tension se déploie dans un contexte mondial où les semi-conducteurs jouent un rôle crucial dans l’économie et la sécurité. Le scandale intervient notamment à l’heure où la production de la puce 2 nm est attendue massivement, avec Apple comme client principal utilisant cette technologie pour son futur iPhone 18.
Cette fuite soulève également la question de la sécurité au sein des chaînes complexes d’approvisionnement et de R&D. La menace d’espionnage industriel se confirme comme une arme stratégique dans cette course.
Wafer gravé en 2 nm chez Rapidus
Pour TSMC, c’est un coup dur dans sa conquête technologique, mais la réaction rapide de l’entreprise, qui a licencié les coupables identifiés et collaboré avec la justice, montre sa détermination à protéger son avance et son savoir-faire exclusif.
L'affaire intervient alors que Donald Trump vient d'annoncer des tarifs douaniers de 100% sur les semi-conducteurs...sauf pour les entreprises ayant des projets d'usine aux Etats-Unis, ce qui est le cas du fondeur taiwanais, notamment avec ses sites en Arizona, mais pas de Rapidus qui risque de voir son démarrage compliqué.
Perspectives et conséquences possibles
Si le procès établit la culpabilité des individus et la diffusion des informations, la bataille pourrait aller au-delà des tribunaux avec des demandes de dédommagements financiers colossaux.
Certains experts évoquent même la possibilité que TSMC obtienne des parts dans Rapidus, à la manière d’un précédent avec le fabricant chinois SMIC dans les années 2000. Cette nouvelle affaire rappelle malgré tout qu’à mesure que la miniaturisation des puces progresse, les enjeux industriels et sécuritaires deviennent exponentiels.