Une première historique, si elle est avérée. Lundi 15 décembre, les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont revendiqué une attaque d'une audace spectaculaire : avoir frappé un sous-marin russe de classe Kilo en plein cœur de la base navale de Novorossiysk, sur la mer Noire.
Cette base était pourtant devenue le refuge de la flotte russe après les lourdes pertes subies à Sébastopol. L'arme du crime ? Des drones sous-marins. La Russie, de son côté, oppose un démenti formel, qualifiant l'information d'erronée et assurant qu'aucun navire n'a été touché.
Comment cette attaque se serait-elle déroulée ?
L'Ukraine a diffusé une vidéo de surveillance montrant une violente explosion survenant à proximité de deux sous-marins amarrés à quai. Selon le SBU, le submersible visé, un Varshavyanka, transportait quatre lanceurs de missiles de croisière Kalibr, régulièrement utilisés pour frapper le territoire ukrainien. Les services de Kiev affirment que le sous-marin a subi des "dommages critiques" le rendant "inutilisable".
СБУ вразила підводний човен рф у Новоросійську
— СБ України (@ServiceSsu) December 15, 2025
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Cependant, certains analystes soulignent une anomalie sur les images : malgré la puissance de la déflagration, le submersible le plus proche ne semble pas bouger. Cette observation sème le doute et suggère que l'explosion aurait pu toucher le quai plutôt que la coque du navire. La prudence reste donc de mise en attendant des preuves plus concluantes de l'étendue réelle des dégâts.
Quelle est la véritable nature de l'arme utilisée ?
Kiev a baptisé son arme le "Sub Sea Baby". Les détails techniques de ces engins restent flous, mais leur efficacité potentielle est redoutable. Le spécialiste Stéphane Audrand souligne qu'il est difficile de vérifier les faits, une attaque sous-marine ne produisant pas les mêmes images qu'une attaque de drone de surface. Il pourrait s'agir d'un véritable drone sous-marin, comme le "Maritchka", ou d'un drone de surface modifié pour naviguer juste sous la ligne de flottaison, plus simple à manœuvrer.
Pourtant, le doute subsiste quant à la nature exacte de l'engin, car l'Ukraine elle-même entretient une certaine confusion entre plusieurs modèles de drones sous-marins. Quoi qu'il en soit, ces appareils, développés avec des composants largement disponibles, représentent une menace asymétrique majeure. Certains modèles pourraient emporter une charge explosive de près de deux tonnes sur plus de 1 500 kilomètres.
Quelles sont les implications d'une telle opération ?
Si l'attaque est confirmée, il s'agirait d'un nouveau revers majeur pour la marine de la Russie, qui avait déjà perdu le sous-marin Rostov-na-Donu en cale sèche à Sébastopol en 2023. Mais l'implication va bien au-delà du conflit actuel. L'expert Stéphane Audrand prévient que cet événement marque un tournant dans la guerre navale. Les ports, qu'ils soient militaires ou civils, ne sont plus des sanctuaires.
La détection de petits objets lents sous l'eau est extrêmement difficile. Cette nouvelle menace pourrait forcer les marines du monde entier à réadopter des techniques de protection oubliées depuis la Seconde Guerre mondiale, comme l'installation de filets anti-sous-marins. La robotisation de ces attaques permet de maintenir une pression permanente sur les bases adverses, un danger qui s'étend potentiellement aux navires de commerce ou de croisière dans le cadre d'attaques terroristes.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce qu'un sous-marin de classe Kilo ?
Le projet 636.3 "Varshavyanka", désigné "Kilo" par l'OTAN, est une classe de sous-marins d'attaque à propulsion conventionnelle (diesel-électrique) développée dans les années 1980. Réputés pour leur discrétion, ils sont notamment armés de missiles de croisière Kalibr. La Russie en posséderait plus d'une trentaine.
Pourquoi le port de Novorossiïsk est-il stratégique ?
Situé sur la côte nord-est de la mer Noire, Novorossiïsk est devenu la principale base de repli de la flotte russe après que le port historique de Sébastopol, en Crimée, soit devenu trop exposé aux frappes ukrainiennes. C'est également un terminal pétrolier majeur, ce qui en fait une cible économique et militaire de premier plan.
Cette attaque marque-t-elle un tournant technologique ?
Oui, si elle est avérée. Elle symbolise la "démocratisation" de la guerre sous-marine. À l'instar des drones aériens comme le Shahed 136, des acteurs étatiques ou non peuvent désormais développer à moindre coût des drones sous-marins capables de menacer des navires valant des centaines de millions de dollars, bouleversant ainsi les équilibres stratégiques navals.