Le passage à l'électrique est souvent vu comme un investissement d'avenir, mais la réalité du marché de la revente est brutale. Si les règles de la décote sont cruelles pour tous les véhicules, avec une perte moyenne de 20 % la première année et de 50 à 60 % après cinq ans, la sanction est bien plus lourde pour les modèles à batterie. Les données sont sans appel : ces derniers subissent une dégringolade de leur valeur près de 50 % supérieure à celle de leurs équivalents thermiques.

Pourquoi une telle dégringolade financière touche-t-elle tous les modèles ?

Le massacre des prix est généralisé et n'épargne personne. Prenons l'exemple concret de la Peugeot e-208 : vendue neuve aux alentours de 35 000 euros il y a cinq ans, elle ne vaut plus que 13 600 euros aujourd'hui. C'est une chute vertigineuse de -61 %. Le constat est similaire pour la Renault Zoé, qui affiche une décote de -63 % sur la même période, voyant sa valeur fondre de plus de 19 500 euros.

La Renault Zoé

Le segment premium n'offre aucun refuge face à cette tendance. Un DS3 Crossback perd 61 % de sa valeur, tandis qu'une Audi E-Tron s'effondre de 65 %. Cette situation représente une véritable saignée financière pour les premiers acheteurs qui espéraient limiter la casse avec des modèles haut de gamme. L'hémorragie touche donc l'ensemble des voitures électriques, sans distinction de marque ou de gamme.

Quel est le principal coupable de cet effondrement des prix ?

Le cœur du problème est littéralement le cœur de la voiture : la batterie. Sa capacité diminue inévitablement avec le temps et les cycles de recharge, ce qui repousse fortement les acheteurs potentiels. La crainte principale concerne la durée de vie restante et le coût exorbitant d'un éventuel remplacement, qui peut représenter une part très importante de la valeur du véhicule.

La Peugeot e-208

C'est une véritable double peine pour les propriétaires. Non seulement la batterie s'use, mais la technologie avance trop vite. Les nouvelles générations de véhicules électriques se rechargent plus rapidement et offrent une autonomie supérieure, rendant instantanément les modèles de 2020 obsolètes aux yeux du marché. Cet écart technologique creuse encore davantage la décote des véhicules de première génération.

La Tesla Model 3

Comment le leader du marché a-t-il lui-même aggravé la situation ?

Même Tesla, le pionnier et leader incontesté du secteur, n'échappe pas à ce violent décrochage. La Model 3, star du marché, voit sa valeur fondre de 59 % en cinq ans. Dans ce cas précis, le problème est aussi stratégique. En jouant au yo-yo avec les prix du neuf pour écraser la concurrence chinoise, Elon Musk a totalement déstabilisé le marché de la seconde main. Quand le neuf baisse, l'occasion s'effondre : la valeur des Tesla a ainsi chuté de 28,9 % en moyenne en 2024.

Le paradoxe de cette situation est que si c'est un cauchemar pour les vendeurs, cela pourrait bien être l'affaire du siècle pour les acheteurs. Cette décote rapide permet enfin de trouver des modèles récents à des prix abordables sur le marché de l'occasion. L'hémorragie pourrait toutefois ralentir, car les experts estiment que les nouveaux modèles comme la Renault 5 E-Tech ou la Citroën ë-C3 semblent mieux armés pour résister à l'épreuve du temps.

Source : Le Parisien