Ce qui devait être un consensus vertueux est devenu une guerre feutrée. L'interdiction des voitures thermiques neuves en Europe d'ici 2035, pierre angulaire du Pacte Vert, est aujourd'hui ouvertement contestée.

L'Allemagne et l'Italie, poids lourds de l'industrie, font pression sur Bruxelles pour assouplir la règle, créant un climat d'incertitude qui paralyse les consommateurs et menace la transition elle-même.

Qui sont les opposants à l'interdiction de 2035 ?

Le front du "non" est mené par l'Allemagne. Friedrich Merz, le chancelier, a opéré un virage spectaculaire, affirmant qu'il ferait "tout" pour lever l'interdiction. Berlin, sous la pression de ses géants (VW, Mercedes, BMW), plaide désormais pour l'intégration des carburants synthétiques (e-fuels) afin de sauver le moteur à combustion.

Pollution diesel

L'Italie de Giorgia Meloni a immédiatement rejoint l'alliance. Rome dénonce une conversion "forcée" à l'électrique, une technologie dont l'Europe ne maîtrise "ni les matières premières, ni les chaînes de valeur". Ces pays sont soutenus par plusieurs nations d'Europe de l'Est (Pologne, Hongrie, Slovaquie), très dépendantes de l'industrie automobile allemande.

Qui défend encore le cap du 100% électrique ?

Face à cette offensive, le camp pro-2035 s'organise, avec la France et l'Espagne en première ligne. Madrid considère l'échéance comme un "repère essentiel" pour l'industrie. Emmanuel Macron a été clair : abandonner 2035, c'est "oublier les usines de batteries européennes" et perdre toute crédibilité d'investissement.

voiture électrique recharge

Ce camp est soutenu par les ONG environnementales et, fait notable, par les fabricants d'infrastructures de recharge, qui ont investi massivement en comptant sur cette transition rapide.

Pourquoi ce débat ressurgit-il maintenant ?

Le timing n'est pas un hasard. Les constructeurs européens, qui avaient accepté l'échéance à contrecœur, font face à une réalité de marché complexe : les ventes d'électrique progressent moins vite qu'espéré, les marges s'érodent, et la concurrence chinoise est devenue féroce.

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En défendant l'hybride rechargeable, l'Europe risque de se tirer une balle dans le pied, car c'est un terrain où les marques chinoises sont déjà imbattables. Le patron de BMW a même jugé l'objectif de 2035 "impossible à atteindre", plaidant pour un report à 2050.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que les carburants synthétiques (e-fuels) ?

Les e-fuels sont des carburants liquides produits à partir d'électricité (idéalement renouvelable) et de CO2 capturé. Ils peuvent être utilisés dans les moteurs à combustion actuels. L'Allemagne les défend comme une alternative "respectueuse de l'environnement" pour prolonger la vie des voitures thermiques.

La Commission européenne va-t-elle céder ?

C'est toute la question. Pour l'instant, Bruxelles maintient officiellement le cap de 2035. Cependant, la pression de l'alliance italo-allemande est immense. Une clause de révision est prévue en 2026, et c'est à ce moment-là que la vraie bataille se jouera.

Les consommateurs sont-ils les grands oubliés ?

Oui. Au milieu de ce ping-pong entre États, lobbies et institutions, les consommateurs sont pris en otage. Cette absence de cap clair alimente le flou et freine les décisions d'achat, alors que la décision initiale avait été prise sans véritable consultation populaire.