La réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'Europe passe par celle du secteur du transport. Dans cette optique, l'Union européenne a validé le principe d'un arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs d'ici 2035 pour ne laisser que l'option des véhicules électriques.

La date est ambitieuse mais impose une transformation du secteur automobile à marche forcée face à d'autres blocs géographiques en avance dans le domaine. Par ailleurs, le taux d'adoption des véhicules électriques progresse mais reste faible par rapport aux projections pour parvenir au tout électrique dans dix ans, le public préférant la solution intermédiaire des hybrides.

Défiance par rapport au prix d'achat, au coût d'entretien, aux choix technologiques mais aussi réduction des aides et des dispositifs facilitant l'acquisition et cadre réglementaire changeant font hésiter les consommateurs, notamment en France.

2035 : trop vite, trop tôt ?

L'échéance 2035 est devenue autant un cap qu'une cible à abattre et l'Assemblée Nationale n'a pas jugé utile de graver dans le marbre cette date, préférant se ménager des portes de sortie, et a conservé la date de fin du thermique à 2040 telle que définie précédemment.

L'industrie automobile européenne est à la peine et la transition vers la voiture électrique, sans être totalement rejetée, est vécue comme un forcing déraisonnable. Selon le journal Les Echos, le ministre de l'Industrie Marc Ferracci s'est dit ouvert à des assouplissements concernant ce calendrier.

vehicule electrique recharge

Il ne s'agit pas forcément de refuser l'échéance, ce qui mettrait la France en porte-à-faux avec l'Europe, mais d'accepter d'intégrer d'autres possibilités que des solutions purement électriques.

Cela pourrait notamment passer par l'alternative des carburants synthétiques qui auraient l'avantage de poursuivre la commercialisation de véhicules thermiques tout en contribuant à réduire les émissions de CO2, à défaut de les supprimer totalement.

Il se rapprocherait en cela de la position de l'Allemagne qui avait déjà plaidé cette cause lors de la validation de la date de fin du thermique par la Commission européenne.

Les aménagements ont déjà commencé

La position de fermeté adoptée par cette dernière se voit ainsi peu à peu grignotée et remise en perspective face à la réalité du contexte économique et de la capacité des industriels à évoluer.

L'assouplissement de la norme CAFE sur les règles d'émissions de gaz à effet de serre des constructeurs européens, qui vient lisser les émissions sur trois ans au lieu d'une année comme prévu initialement afin d'éviter aux acteurs de lourdes pénalités, montre que les positions ne sont pas complètement figées, même au plus haut niveau de décision.

Pollution diesel

La date limite de 2035 survivra-t-elle aux difficultés du secteur automobile ? Déjà, la clause de revoyure pour discuter de l'état d'avancement de la transition vers l'électrique et envisager des adaptations a été avancée. 

D'un autre côté, ces atermoiements n'aident pas à avoir une vision clarifiée de l'évolution du secteur et incitent moins à la migration si des voies alternatives se profilent.

Source : Les Echos