Des scientifiques viennent de lever le voile sur un mystère lunaire. Une zone de 50 kilomètres de large, nichée sous les cratères Compton et Belkovich sur la face cachée du satellite, est anormalement chaude : environ 10°C de plus que ses environs.

La cause ? Un immense bloc de roche, un type de granite quasi inexistant en dehors de la Terre, qui rayonne encore après des milliards d'années.

Quelle est la nature de cette mystérieuse source de chaleur ?

Loin d'être le signe d'une activité volcanique récente, cette anomalie thermique est en réalité un écho du passé lointain de la Lune. Les chercheurs, menés par le Dr Matt Siegler du Planetary Science Institute, ont utilisé les données micro-ondes des sondes chinoises Chang’E 1 et 2 pour sonder sous la surface. Ce qu'ils ont trouvé n'est pas de la lave en fusion, mais la signature thermique d'un batholithe, une gigantesque intrusion de magma qui a refroidi et cristallisé sans jamais atteindre la surface.

Cette chaleur résiduelle ne provient pas du magma lui-même, mais de la désintégration lente d'éléments radioactifs piégés dans la roche, un phénomène connu sous le nom de désintégration radiogénique. C'est cet héritage atomique qui fait "briller" la zone aux longueurs d'onde micro-ondes, révélant une cicatrice géologique encore tiède après 3,5 milliards d'années.

Pourquoi la présence de granite sur la Lune est-elle si surprenante ?

La découverte de granite sur la Lune est une véritable énigme géologique. Sur Terre, la formation de cette roche est un processus complexe qui requiert deux ingrédients essentiels : l'eau et la tectonique des plaques. Or, la Lune est dépourvue des deux. Cette trouvaille suggère donc que des processus géologiques beaucoup plus évolués que prévu ont eu lieu sur notre satellite.

Cela remet en question les modèles existants sur la formation de la croûte lunaire. Le volcan dont ce batholithe est la racine, bien qu'éteint depuis des milliards d'années, témoigne d'une histoire bien plus riche. La Lune n'est pas simplement un astre mort et gelé ; elle a connu une activité interne capable de générer des roches complexes, un scénario que l'on pensait réservé à notre planète.

Quelles sont les implications de cette découverte pour l'exploration spatiale ?

Cette anomalie thermique redéfinit notre vision de la lune. Elle prouve que des mondes rocheux, même sans eau ni atmosphère, peuvent développer une complexité géologique inattendue. La présence de ce type de formation granitique ouvre la porte à la recherche de structures similaires ailleurs sur notre satellite, ou même sur d'autres corps planétaires du système solaire.

Cette avancée, publiée dans la prestigieuse revue *Nature*, est aussi le fruit d'une collaboration internationale réussie, combinant les données de missions chinoises et américaines. Elle démontre que notre plus proche voisine céleste a encore de nombreux secrets à révéler et que chaque nouvelle mission peut potentiellement réécrire ce que nous pensions savoir sur son histoire, bien après sa dernière éruption.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce qu'un batholithe ?

Un batholithe est une très grande masse de roche magmatique intrusive qui s'est formée lorsque le magma a refroidi lentement sous la surface de la croûte terrestre, sans jamais entrer en éruption. Celui découvert sur la Lune fait environ 50 km de diamètre.

Quel âge a ce volcan lunaire ?

Les scientifiques estiment que la dernière éruption de ce volcan remonte à environ 3,5 milliards d'années. Depuis, il est considéré comme dormant, mais son cœur de granite continue d'émettre de la chaleur.

Le volcan est-il encore actif ?

Non, le volcan n'est pas actif au sens traditionnel. La chaleur détectée n'est pas le résultat de magma en mouvement, mais de la désintégration très lente d'éléments radioactifs comme le thorium et l'uranium, piégés dans le granite depuis sa formation.