Le constructeur chinois Xiaomi, principalement reconnu pour ses smartphones et objets connectés, est désormais aussi un constructeur de véhicules électriques. Et comme les autres, il n'est pas épargné par les problèmes techniques sur certains modèles.
Un défaut identifié sur l’assistant de conduite de son véhicule électrique Xiaomi SU7 entraîne une opération de "rappel" de grande ampleur mais qui se traduira par une mise à jour logicielle déployée à distance.
Parce que ce sont aussi des des véhicules connectés, Xiaomi peut gérer certaines problématiques en OTA, sans avoir à ramener les véhicules au garage, comme le font déjà régulièrement Tesla et certains constructeurs.
Une faille dans l'assistant de conduite détectée après un drame
Les autorités chinoises et Xiaomi confirment le rappel de près de 117 000 modèles SU7 produits entre février 2024 et août 2025, soit près de 40% du parc livré depuis le lancement de cette berline électrique ambitieuse.
Une décision qui intervient quelques mois à peine après un accident mortel impliquant trois étudiants ; l'un des principaux facteurs évoqués est la capacité limitée du dispositif d’assistance à la conduite à gérer certaines situations extrêmes, surtout lorsque le conducteur ne reprend pas assez vite les commandes après l’alerte du système.
Le régulateur chinois a d’ailleurs pointé du doigt le manque de reconnaissance, d’alerte adéquate et de réactivité lors de certaines circonstances imprévues sur autoroute, ce qui a alimenté non seulement une réaction immédiate du constructeur, mais aussi une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux chinois.
On notera que la présentation du second véhicule de la marque, le SUV électrique Xiaomi YU7, avait été retardée en début d'année après une série d'incidents et d'accidents associés au système de conduite de la berline YU7, le temps de mener des investigations en interne.
Une opération de rappel inédite, 100% logicielle et à distance
Au lieu de demander à ses clients de se rendre en concession, Xiaomi choisit une voie moderne : une mise à jour logicielle OTA (Over The Air), à la manière de Tesla ou d’autres acteurs du secteur.
Aucun changement de pièce physique n'est requis, tout se joue à distance. Cette approche témoigne de l’évolution rapide des pratiques dans l'industrie automobile connectée : il est désormais possible de corriger à grande échelle des failles importantes sans rapatrier les véhicules.
La gamme de véhicules électriques Xiaomi
Xiaomi a publié officiellement la procédure de correction, précisant qu’elle cible en particulier les SU7 standard fabriqués avant le 30 août 2025 et que tous les utilisateurs seront prévenus.
La vigilance reste cependant de mise puisque, par la force des choses, la fiabilité des logiciels au cœur des systèmes de conduite assistée impacte directement la sécurité des usagers.
Un accident mortel et un contexte de régulation qui s’accélère
La pression s’est accentuée à la suite d’un accident survenu en mars dans la province d’Anhui : la voiture évoluait en mode « Navigate On Autopilot » à 116 km/h, a détecté un obstacle puis transmis la main au conducteur, mais a fini sa trajectoire contre un muret à 97 km/h.
Trois personnes ont perdu la vie. Ce drame a mis en lumière la nature des dispositifs de niveau 2 – où le contrôle du volant, de l’accélération et du freinage peut être géré par la voiture, même si l’attention du conducteur doit rester permanente.
Après cet accident, des critiques ont émergé sur les performances de l’assistance, la résistance du véhicule au choc et la possibilité pour les occupants de sortir rapidement en cas d’urgence. « Xiaomi place la sécurité des usagers au sommet de ses priorités, » a réagi le groupe, collaborant activement à l’enquête policière.
En réaction, les régulateurs chinois s’apprêtent à mettre en œuvre de nouvelles normes pour les systèmes d’assistance à la conduite de niveau 2 dès 2027, imposant notamment la détection du manque d’attention du conducteur et l’arrêt du système en conséquence.
Vers une maturité des véhicules autonomes ? Enjeux et questionnements
Le rappel massif des Xiaomi SU7 révèle la complexité croissante des voitures intelligentes : chaque innovation logicielle promet de nouveaux usages, mais expose aussi à des risques inédits.
Les discussions en ligne, suivies par plus de 70 millions de vues sur le réseau social chinois Weibo, reflètent l’inquiétude persistante du public. Le choix de Xiaomi d’opter pour une correction à distance aligne la marque sur les standards internationaux et inaugure une nouvelle ère dans la gestion de crise chez les constructeurs automobiles.
Pourtant, la question essentielle demeure : l’utilisateur peut-il avoir confiance dans la délégation de sa sécurité à une intelligence embarquée ? Pour les autorités et les usagers, la frontière entre autonomie et accompagnement humain n’a jamais semblé aussi ténue.