Une étude choc menée par Kapwing révèle une tendance alarmante : plus de 21% des vidéos YouTube Shorts suggérées aux nouveaux utilisateurs sont des contenus de faible qualité générés par intelligence artificielle, ou « AI slop ».
Ce phénomène, qui génère des milliards de vues et des revenus considérables, questionne l'intégrité de l'algorithme de recommandation de la plateforme.
La démocratisation des outils de génération de contenu a ouvert une véritable boîte de Pandore. Si l'intelligence artificielle promet des avancées majeures, elle a aussi engendré un sous-produit indésirable : le « slop ».
Ce terme désigne une marée de contenus répétitifs, souvent absurdes et de piètre qualité, conçus non pas pour informer ou divertir, mais pour capter l'attention à tout prix et générer des vues. Une nouvelle étude met en lumière l'ampleur du phénomène sur une plateforme que l'on pensait épargnée.
Une contamination à grande échelle
C'est la société d'édition vidéo Kapwing qui tire la sonnette d'alarme. En simulant l'expérience d'un nouvel utilisateur sur la plateforme, ses chercheurs ont analysé les 500 premières vidéos recommandées par l'algorithme des Shorts. Le constat est sans appel : 104 de ces vidéos, soit 21%, étaient du « AI slop » pur et simple.
Le phénomène va même plus loin. En élargissant le spectre au "brainrot", une catégorie incluant le slop mais aussi tout contenu abrutissant et sans substance, le chiffre grimpe à 165 vidéos, soit un tiers du flux proposé.
Cette prolifération est la conséquence directe d'un système qui récompense l'engagement, même le plus superficiel, au détriment de la qualité.
Un business mondialisé et très lucratif
Cette production de contenu de masse est devenue une industrie mondiale. L'étude de Kapwing révèle que la Corée du Sud est en tête de la consommation de ce type de vidéos, avec plus de 8 milliards de vues cumulées pour ses principales chaînes de slop. Le Pakistan suit de près, démontrant que le phénomène dépasse largement les frontières occidentales.
Les revenus générés sont colossaux. Des chaînes comme " Three Minutes Wisdom ", qui publient des animations simplistes d'animaux, amassent des milliards de vues et pourraient générer jusqu'à 4 millions de dollars par an.
Au total, les chercheurs ont identifié 278 chaînes dédiées au slop parmi les plus populaires au monde, représentant une manne financière estimée à plus de 117 millions de dollars annuels.
L'algorithme en question et l'avenir de la plateforme
La racine du problème réside en grande partie dans l'algorithme de YouTube lui-même. En privilégiant massivement le format Shorts pour concurrencer TikTok, la plateforme a créé un appel d'air pour des contenus faciles à produire en masse.
Ces vidéos courtes, optimisées pour le défilement infini, sont un terrain de jeu idéal pour les fermes à clics qui exploitent l'IA.
Alors que certains concurrents, comme TikTok, commencent à intégrer des outils pour identifier et filtrer les contenus générés par intelligence artificielle, la question de la responsabilité de Google se pose.
Sans une action corrective forte, la plateforme risque de voir son image durablement écornée. La véritable inconnue reste de savoir si YouTube choisira de juguler ce flot ou si l'appât du gain publicitaire sera, une fois de plus, le plus fort.