L'interruption du flux des chaînes gratuites de la TNT du groupe TF1 (TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films, LCI) dans les offres de Canal+ et notamment le bouquet TNT Sat assurant une couverture des zones blanches de la TNT, dure depuis désormais un mois et laisse les téléspectateurs dans le noir.

Seule solution, s'il n'y a pas d'accès à la TNT en hertzien, passer par les applications MyTF1 ou TF1info et les sites Web du groupe, accessibles par Internet sur PC, tablettes et smartphones, ce qui reste moins pratique que sur son téléviseur. Pour beaucoup, le remède est contraignant ou difficile à mettre en place et tout le monde attend un retour à la normale qui ne vient pas.

On estime à environ deux millions le nombre de foyers concernés et la coupure des flux de diffusion des chaînes télévisées a donc eu un effet direct sur l'audience de TF1 et par extension ses revenus publicitaires.

Prise d'otage des téléspectateurs

Si la perte d'audimat s'est un peu lissée avec le temps, elle reste marquée un mois après le début des hostilités entre les groupes TF1 et Canal+, personne ne voulant céder sur le montant de la rétribution pour la diffusion du signal.

L'Arcom, autorité de régulation de l'audiovisuel (et anciennement CSA), est impuissante face à ce qui reste avant tout un litige commercial, tout en demandant aux parlementaires de réfléchir à un dispositif législatif qui éviterait à l'avenir une telle situation.

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TF1 veut absolument monétiser les flux de ses chaînes dans une quête de nouveaux revenus qui doivent lui permettre de mieux résister aux plateformes de diffusion américaines sur le Web, et ce d'autant plus que sa fusion avec M6 a finalement été abandonnée.

Concéder à faire une ristourne pour le groupe Canal ferait sans doute monter au créneau les autres distributeurs (notamment les opérateurs télécom) qui réclameraient le même traitement de faveur. TF1 semble être donc prêt à se faire malmener pour ne pas céder sur cette source de revenus.

L'arme fatale de la coupure de signal avait déjà été utilisée par Canal+ en 2018 lors du renouvellement de l'accord mais l'interruption n'avait duré que quelques jours. La situation est plus tendue cette fois-ci, avec des conséquences pour TF1.

TF1 perd du terrain mais ne veut pas céder

Selon les données de Médiamétrie, TF1 a vu sa part d'audience (PDA) chuter à 17,7% en septembre (-2,3 points) par rapport à l'an dernier tandis que l'ensemble des chaînes TV du groupe a vu sa part d'audience globale glisser à 25,7%, contre 26,8% en août et 27,6% à la même période l'an dernier.

De son côté, France Télévisions en profite et a connu une belle progression en septembre avec une part d'audience globale de 28,9% (+1,2 point) tandis que la chaîne de télévision France 2 affiche l'une de ses meilleures PDA en septembre , à 14,9% (+0,7).

TF1 indique lui-même avoir connu une baisse d'audience globale de 8 à 10% mais variable selon les chaînes du groupe. Par exemple, sa chaîne d'infos LCI est plutôt en hausse avec 1,8% de PDA.

Certaines émissions et fictions ont également connu de beaux succès, comme la série Les Combattantes réunissant 7 millions de téléspectateurs. Mais l'une des grandes interrogations reste de savoir si les deux groupes s'entendront avant le début de la Coupe du Monde de Football 2022 qui doit démarrer le 20 novembre.

Les abonnés Canal+ par le satellite sont déjà privés des premiers matchs-test diffusés sur TF1 et le groupe de Bouygues doit diffuser tous les matchs de l'Equipe de France. Sans dénouement, il restera toujours la solution d'un abonnement à BeIN Sports.

Il reste à voir si la voie des plaintes et recours auprès des tribunaux de commerce imposera un retour de la diffusion et relancera les négociations. Pour l'instant, les premières décisions ont plutôt donné raison à Canal+ et maintiennent le statu quo. Au grand désespoir du téléspectateur...