Une nouvelle fois, le ministre français de l'Économie et des Finances critique vertement le projet de cryptomonnaie Libra dévoilé et soutenu par Facebook. En charge de la supervision et de la gestion de la Libra, l'association Libra compte actuellement 21 entreprises en tant que membres fondateurs et après plusieurs défections.

libra-association-21-membres

Dans une tribune publiée dans le Financial Times et qu'il reprend dans un billet sur Medium, Bruno Le Maire dénonce la volonté " de certains intérêts privés de mettre la main sur le bien commun et de se substituer aux États. " Il pointe du doigt un projet " inacceptable économiquement et démocratiquement. "

Pour Bruno Le Maire, ce projet soulève " d'énormes risques " et l'arsenal réglementaire " ne pourra pas circonscrire l'ensemble de ces risques. " Les principales critiques étaient déjà connues comme en matière de garanties contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, ainsi que la protection des données.

Le ministre souligne également des abus de position dominante, des " menaces sur la stabilité financière " et le " partage de la souveraineté monétaire des États avec une entreprise privée. "

Afin de préserver sa valeur, la Libra s'appuie sur une réserve qui est un panier de devises et d'actifs, dont le dollar, l'euro, la livre sterling, voire le dollar de Singapour. " Il suffirait que les acteurs privés décident de modifier la part Euro du fonds de réserve pour que notre monnaie commune se déprécie ou s'apprécie brutalement. " L'implication de Facebook est synonyme d'un potentiel à plusieurs milliards d'utilisateurs devenant des clients.

Bruno Le Maire avait déjà déclaré pour la France que la Libra, qui doit être lancée en 2020, n'est pas la bienvenue sur le sol européen. Il est rejoint sur ce point par ses homologues en Allemagne et en Italie avec des mesures conjointes pour une interdiction en Europe qui sont en préparation.

La Libra Association assure (PDF) de son engagement à travailler avec les régulateurs et pour " respecter la souveraineté sur la politique monétaire dans l'espace numérique. " Le système de paiement Libra et la Libra " ne seront pas conçus pour remplacer le dollar américain ou tout autre devise, mais pour étendre la fonctionnalité de ces devises en permettant des paiements rapides et bon marché. "

S'il tique sur l'implication de Facebook, Bruno Le Maire n'est toutefois pas opposé à la création d'une monnaie numérique publique.