La menace était dans l'air depuis plus d'un an : pour maintenir le programme A380, Airbus avait besoin de nouvelles commandes afin d'assurer un niveau de production minimal annuel.
Entre l'abandon des commandes de certaines compagnies et l'incertitude concernant celle du plus gros client, la compagnie Emirates, qui conditionnait son achat à l'intégration de moteurs Rolls-Royce optimisés, l'horizon de l'avion de ligne à deux ponts s'était sensiblement assombri, sachant que trouver des clients alternatifs, notamment du côté de la Chine, semblait une possibilité peu réaliste en l'état.
Le couperet est tombé : non seulement la compagnie Emirates annule la dernière tranche de sa commande, soit 20 exemplaires, mais elle renonce également à 19 autres appareils, soit 39 Airbus A380 qui ne seront finalement pas produits.
Seule maigre consolation, elle transforme sa commande en 40 Airbus A330Neo et 30 A350-900, pour un montant de plus de 21 milliards de dollars. La production de l'Airbus A380 s'interrompra donc dès 2021, alors que l'avionneur espérait maintenir la production sur au moins 10 ans.
L'Airbus A380 terminera son cycle commercial au bout de 12 ans seulement avec 270 exemplaires environ produits (les commandes d'Amedeo ou Air Accord ne sont pas certaines d'être maintenues), très loin des ambitions d'un marché des gros porteurs estimé initialement à plus de 1000 appareils.
Le journal La Tribune rappelle que le contexte économique et politique n'a pas été vraiment propice, entre les événements du 11 septembre 2001 ou la crise économique mondiale de 2007, sans compter quelques incidents techniques (explosion d'un moteur, microfissures sur les ailes, pannes diverses) qui ont pu refroidir les acheteurs potentiels.
Son concurrent Boeing n'est pas non plus resté inactif avec les lancements au même moment du B747-8 et du B777-300 ER, particulièrement compétitif et qui a comblé le marché de renouvellement du vieillissant B747, l'un des segments initialement convoités par l'A380. D'autres évolutions programmées chez Boeing pour la prochaine décennie ont sans doute conduit les compagnies aériennes à revoir leur projet d'achat d'A380.
