Sélectionné par EuroHPC, le consortium mené par Eviden et AMD va construire Alice Recoque, le premier supercalculateur exascale français. Installé au TGCC du CEA, ce monstre de puissance dédié à la recherche et à l'IA promet une efficacité énergétique inédite pour un budget de 554 millions d'euros.

En confiant la construction du supercalculateur au duo Eviden-AMD, l'Europe concrétise son ambition de disposer d'infrastructures de calcul souveraines capables de traiter les modèles d'intelligence artificielle les plus complexes.

Dans un contexte où la puissance de calcul définit la compétitivité des nations, la France s'apprête à franchir un cap technologique majeur avec l'arrivée de son premier système exascale.

Ce projet, piloté par le GENCI et opéré par le CEA, doit assurer une montée en performance mais il vise à établir une véritable usine à IA sur le sol national.

D'une capacité de calcul dépassant le milliard de milliards d'opérations par seconde, la machine sera hébergée au Très Grand Centre de Calcul (TGCC) en région parisienne.

Une architecture hybride taillée pour l'efficacité

Le cœur du système repose sur la plateforme BullSequana XH3500 d'Eviden, une architecture modulaire conçue pour intégrer les composants les plus avancés du marché tout en maîtrisant la consommation électrique.

Bull Sequana XH3500

Bull Sequana XH3500

Pour la partie accélération, le choix s'est porté sur les processeurs graphiques Instinct MI430X d'AMD, couplés aux futurs processeurs EPYC Venice (en AMD Zen 6).

Cette alliance technologique permet non seulement de multiplier par cinquante la capacité de calcul par rapport aux systèmes précédents, mais aussi de garantir une efficacité énergétique optimale grâce à un refroidissement liquide à l'eau tiède (DLC) couvrant l'intégralité des composants.

Un enjeu stratégique pour la souveraineté européenne

Au-delà des spécifications techniques, Alice Recoque incarne la volonté de réduire la dépendance technologique de l'Europe vis-à-vis des acteurs extra-communautaires.

Financé conjointement par l'entreprise commune EuroHPC et le consortium Jules Verne (incluant la France, les Pays-Bas et la Grèce), le projet intègre une part significative de technologies continentales.

SiPearl

Le système utilisera notamment le réseau d'interconnexion BXI développé par Eviden et accueillera une partition de calcul basée sur le processeur européen Rhea2 de SiPearl, assurant ainsi une traçabilité et une sécurité accrues pour les données sensibles.

Vers une convergence du calcul scientifique et de l'IA

Conçue pour répondre aux défis scientifiques les plus pressants, cette machine hybride excellera aussi bien dans la simulation traditionnelle que dans l'entraînement de modèles d'IA générative massifs.

Des modélisations climatiques de haute précision à la recherche de nouveaux matériaux pour l'énergie, les chercheurs disposeront d'un outil capable de traiter des volumes de données phénoménaux.

La mise en service, prévue pour accompagner l'essor des jumeaux numériques et de la médecine personnalisée, placera les laboratoires européens à la pointe de l'innovation mondiale pour les années à venir.