Pour la première fois, Apple choisit de supprimer purement et simplement une fonctionnalité existante en Europe plutôt que de se plier aux règles du Digital Markets Act (DMA). Pour rappel, il s'agit de la réglementation européenne visant à encadrer les grandes plateformes numériques pour garantir une concurrence plus juste et plus ouverte sur le marché.
Dès décembre, avec les futures mises à jour iOS et watchOS, la synchronisation automatique des réseaux Wi-Fi entre l'iPhone et l'Apple Watch ne sera en effet plus disponible pour les utilisateurs européens. Un choix qui sonne comme un avertissement lancé à Bruxelles.
En quoi consistait cette fonction et pourquoi disparaît-elle ?
Jusqu'à présent, une Apple Watch se connectait automatiquement à un réseau Wi-Fi déjà enregistré sur l'iPhone associé, même si ce dernier n'était pas à proximité. C'était une commodité transparente pour l'utilisateur.
La Commission européenne, dans le cadre du DMA, a exigé qu'Apple ouvre cette capacité de partage d'historique Wi-Fi à des accessoires tiers, comme les lunettes connectées de Meta. Apple refuse catégoriquement, arguant qu'une telle ouverture menacerait la vie privée en livrant sur un plateau l'historique de localisation des utilisateurs à des entreprises dont le modèle économique repose sur la collecte de données.
Quel est l'impact réel pour les utilisateurs européens ?
Tant que l'iPhone est à portée de Bluetooth, la montre fonctionne sans changement. Le problème se posera donc uniquement lorsque l'utilisateur s'éloignera de son téléphone.
Il devra alors connecter manuellement sa montre à chaque nouveau réseau Wi-Fi, en saisissant probablement le mot de passe. Pour les détenteurs d'une Apple Watch cellulaire, l'impact est nul, la montre utilisant son propre réseau 4G/5G pour rester connectée.
S'agit-il d'une manœuvre stratégique d'Apple contre l'Europe ?
La décision d'Apple ressemble fort à une tactique de pression. Plutôt que de développer une solution technique sécurisée, avec un consentement explicite de l'utilisateur pour le partage de données (ce dont l'entreprise a largement les moyens), elle opte pour la solution radicale de la suppression.
Le message envoyé à Bruxelles est clair : si les régulations sont jugées trop contraignantes ou dangereuses pour son écosystème, Apple préférera priver ses propres clients européens de certaines fonctions. C'est un précédent inquiétant qui illustre le bras de fer idéologique entre la vision d'écosystème fermé de la firme de Cupertino et la volonté d'ouverture prônée par l'Europe.