L'échec de la fusion entre TF1 et M6 avait été une nouvelle occasion pour Xavier Niel de montrer son intérêt pour le secteur audiovisuel avec une proposition de rachat du groupe M6 à l'occasion d'un test de marché par RTL Group et Bertelsmann, son actionnaire principal.

La cession de M6 ne s'est pas faite, essentiellement faute de temps, mais l'échéance du renouvellement des fréquences de la TNT des chaînes TF1 et M6 a permis au fondateur de Free de se positionner pour tenter de prendre pied sur le secteur audiovisuel.

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Xavier Niel s'est donc positionné comme candidat pour l'obtention de la fréquence de M6 par l'intermédiaire de sa holding NJJ et avec un projet de chaîne SIX voulant répondre aux critères standard du cahier des charges de l'Arcom ainsi que des nouvelles obligations imposées à cette occasion.

L'Arcom fait son choix parmi les trois candidats validés

Et pendant que le projet de Niel a fustigé un certain immobilisme du secteur audiovisuel qu'il prétendait bousculer, le groupe M6 n'est pas resté inactif, sous l'impulsion du président du directoire Nicolas de Tavernost.

Hausse des investissements dans la création audiovisuelle, renforcement des émissions d'actualité, présence sur les réseaux sociaux, le projet de M6 n'a rien laissé au hasard.

Après l'audition des deux candidats, l'Arcom a donc fait son choix...et c'est M6 qui remporte la bataille, selon une décision logique pour les observateurs. Après avoir indiqué que les trois candidatures étaient recevables, le régulateur annonce donc que TF1 conservera le canal 1 (le groupe était seul candidat au renouvellement de la fréquence) et M6 le canal 6, après avoir examiné les différents dossiers.

Xavier Niel ne pourra donc pas faire son entrée sur le secteur audiovisuel par la grande porte (ou la plus visible) et l'homme d'affaires a exprimé sa déception en image sur le réseau Twitter.

La prime à l'acteur déjà installé

L'Arcom a préféré la continuité et le socle représenté par le groupe M6 dans le paysage audiovisuel français plutôt que le souffle de la nouveauté représenté par l'arrivée d'une chaîne SIX qui ne prétendait pourtant pas dynamiter le système mais axer son offre sur des programmes inédits, une grille respectueuse de l'échéance symbolique des 21 heures et des propositions en matière d'information et de programmes pour la jeunesse.

Son incapacité à pouvoir être prête pour une diffusion dès le 5 mai 2023 a peut-être joué aussi en sa défaveur, le régulateur en voulant pas risquer la présence d'un écran noir durant plusieurs mois.

Le projet de Xavier Niel était pourtant présenté comme sérieux et ancré dans la réalité économique du secteur, et surtout de long terme, avec une vraie force de proposition, en réponse aux critiques évoquant des manoeuvres pour obtenir des avantages et tenter d'affaiblir M6 qu'il convoite depuis longtemps.

Source : Le Point