Le ministère chinois du Commerce a publié des documents officiels sur le contrôle des exportations de terres rares dans son format national WPS, rompant avec l'usage des formats Word ou PDF.
Cette décision, assortie de l'obligation de soumettre les dossiers en chinois, est perçue comme un pas significatif vers l'autonomie technologique dans un climat de tensions avec les États-Unis.
Au cœur d'une annonce concernant le contrôle renforcé des exportations de terres rares, le ministère du Commerce chinois (MOFCOM) a glissé une modification qui n'a rien d'anodin.
Pour la première fois, les documents officiels cruciaux n'étaient pas disponibles aux formats habituels .doc de Microsoft ou PDF d'Adobe, mais dans un format propriétaire national, le WPS.
Cette mesure s'accompagne d'une nouvelle exigence : l'obligation de soumettre les dossiers exclusivement en langue chinoise, une précision absente des précédentes réglementations.
Un symbole au-delà du simple fichier
Cette décision intervient dans un contexte de guerre technologique latente entre la Chine et les États-Unis. En choisissant délibérément de se détourner des standards américains de facto, Pékin cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des logiciels américains, perçus comme de potentiels points de blocage stratégiques.
Sur les réseaux sociaux chinois comme Sina Weibo, l'initiative a été largement interprétée comme un signal clair envoyé aux industries pour préparer une localisation complète de leurs outils numériques.
Quelles sont les implications concrètes ?
Techniquement, le format WPS, développé par l'entreprise chinoise Kingsoft, repose sur une structure de codage différente et n'est pas directement compatible avec Microsoft Word sans conversion. En imposant son utilisation au niveau ministériel, le gouvernement crée un précédent puissant. L'attente est que les agences gouvernementales et les entreprises d'État emboîtent le pas, pouvant ainsi forcer la main aux entreprises privées, qui devront suivre le mouvement pour rester en phase avec l'administration.
Une stratégie de souveraineté numérique
Ce changement de format s'inscrit dans une stratégie plus large de souveraineté numérique. En parallèle, le MOFCOM a justifié sa décision de contrôler des exportations jugées stratégiques, comme celles des terres rares, en invoquant la nécessité de protéger la sécurité nationale et de mieux remplir ses obligations internationales de non-prolifération.
Cette double manœuvre, à la fois logicielle et économique, montre la volonté de la Chine de maîtriser l'ensemble de sa chaîne de valeur technologique. Ce qui n'était qu'un fichier devient ainsi le vecteur d'une ambition nationale, laissant entrevoir de futurs basculements dans d'autres secteurs critiques.