Face aux restrictions imposées par les Etats-Unis à la Chine sur la production de puces et composants électroniques qui pourraient servir ses intérêts militaires, l'Empire du Milieu a relativement peu de moyens de pression en réponse.
Le pays a tout de même un atout de poids, il est le premier producteur de bon nombre de matières premières essentielles à l'industrie électronique. Outre les terres rares qui ont déjà servi de moyen de pression pour faire pencher la balance en sa faveur auprès de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), plusieurs métaux stratégiques nécessaires à la production de puces électroniques ou utilisés pour des usages militaires sont désormais ciblés par des restrictions d'exportations, que ce soit pour leur production ou pour leur technique d'extraction.
Le gallium et le germanium ont ainsi été les premiers à faire à l'objet d'une réduction des volumes exportés, la Chine évoquant la nécessité de préserver ses ressources naturelles.
Le graphite, naturel et de synthèse, a suivi peu après, créant une inquiétude pour les filières de production de batteries électriques hors de Chine. Depuis, l'antimoine a complété la liste des métaux faisant l'objet d'un blocage, pour son utilisation en électronique et dans les panneaux photovoltaïques mais aussi pour les usages militaires.
Le tungstène, nouvelle cible mais...
Selon la même logique, la Chine va limiter les exportations d'un autre métal critique : le tungstène, utilisé également en électronique mais aussi dans les armements militaires.
Ce n'est pas vraiment une surprise et le reste du monde s'attendait déjà à cette manoeuvre avant la fin de l'année mais le fait que la Chine soit à l'origine de 80% des approvisionnments mondiaux va forcément créer des points d'étranglement dans l'accès à cette ressource et une montée des prix.
Toutefois, note CNBC, les Etats-Unis ont déjà pris les devants sur le tungstène en prévoyant de stopper totalement l'approvisionnement chinois au 1er janvier 2027 et en réorganisant dès à présent les filières pour éviter la rupture de stock.
Rouvrir des mines, trouver des alternatives
Les tarifs douaniers US sur le tungstène chinois ont augmenté de 25% en septembre, ce qui contribue déjà à chercher des alternatives et favorise d'autres approvisionnements.
Les UWBGS, semiconducteurs de demain
Plus largement, la DARPA a lancé des projets pour faire émerger des alternatives à certains métaux comme le gallium afin de pouvoir se passer complètement des approvisionnements chinois en utilisant d'autres matériaux comme le diamant synthétique ou le nitrure d'aluminium.
Il reste que rouvrir des mines de tungstène ou d'autres métaux aux Etats-Unis ou ailleurs demandera des années, fragilise les filières et tend à faire monter les prix des ressources. Cela peut aussi conduire à devoir utiliser des réserves stratégiques préservées jusqu'à présent.