Dans un secteur artistique de plus en plus tenté par les sirènes de l'IA, DC Comics a décidé de nager à contre-courant. La maison d'édition des plus grands super-héros a officiellement fermé la porte à l'utilisation d'outils génératifs pour ses créations. C'est son président, éditeur et directeur de la création, Jim Lee, qui a porté le message lors du Comic Con de New York, affirmant que ni les scénarios ni les illustrations ne seraient confiés à des algorithmes.

Pourquoi DC Comics tourne-t-il le dos à l'IA ?

Pour Jim Lee, le patron de l'éditeur, l'engouement actuel pour l'intelligence artificielle rappelle d'autres paniques technologiques passagères, comme le bug de l'an 2000 ou la frénésie des NFT. Il a martelé une conviction profonde : le public sait reconnaître l'authenticité et se détourne instinctivement de ce qui sonne faux ou artificiel. Selon lui, la technologie ne peut se substituer à l'essentiel.

« L’IA n’imagine pas, elle ne ressent pas. Elle agrège », a-t-il résumé. Pour le dirigeant, l'art véritable est enraciné dans l'humanité, dans cette « connexion fragile et magnifique entre l'imagination et l'émotion ». C'est cette imperfection, cette hésitation, ce trait de crayon humain qui donne vie à un univers, un processus qu'aucun algorithme ne peut simuler.

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Cette décision est-elle une réponse à une polémique ?

Cette prise de position ferme de DC Comics n’arrive pas par hasard. Il y a quelques mois, l'éditeur s'est retrouvé au cœur d'un tollé après avoir été accusé d'utiliser des images générées par IA pour des couvertures alternatives. La réaction des artistes et des fans a été si vive que l'entreprise a dû faire machine arrière, retirer les visuels incriminés et réaffirmer son engagement envers les créateurs en chair et en os.

Cet épisode a sans doute servi de leçon, poussant la direction à clarifier sa politique une bonne fois pour toutes. La déclaration de Jim Lee sonne donc comme une promesse faite à sa communauté : l'univers DC restera le fruit du travail et de la passion d'artistes, et non une simple compilation de données.

Quelle est la valeur fondamentale défendue par l'éditeur ?

Au-delà de la technologie, c'est la créativité humaine que l'éditeur entend protéger. Jim Lee a insisté sur le fait que la magie de personnages comme Superman ou Batman ne réside pas seulement dans leur image, mais dans la cohérence et la profondeur de l'univers narratif qui les entoure. Un monde bâti brique par brique, décennie après décennie, par des auteurs passionnés.

« N’importe qui peut dessiner une cape ou imaginer un héros. [...] Mais Superman ne prend vie que dans notre univers, celui de DC », a-t-il expliqué. Il a comparé les créations hors contexte à de la fanfiction : sympathique, mais manquant de la profondeur du mythe officiel. En protégeant son processus créatif, DC protège l'âme même de son héritage, s'assurant que ses héros continueront de nous faire ressentir des émotions bien réelles.