Lancé en grande pompe par Donald Trump et piloté par Elon Musk, le Département de l'Efficacité Gouvernementale (DOGE) a été dissous dans la plus grande discrétion.
Alors que ses coupes budgétaires massives restent invérifiables, ses missions et son personnel clé sont absorbés par d'autres agences, pérennisant ainsi l'objectif de réduction de la bureaucratie fédérale.
Annoncé en janvier comme un instrument de choc pour remodeler en profondeur l'administration américaine, le DOGE avait pour mission de réduire drastiquement les dépenses, fusionner des services et réorienter les priorités fédérales.
Pourtant, cette initiative au lancement très médiatisé a connu une fin pour le moins confidentielle, contrastant fortement avec l'ambition initiale affichée.
Une fin officialisée à demi-mot
La confirmation est venue de Scott Kupor, le directeur de l'Office of Personnel Management (OPM), l'agence des ressources humaines du gouvernement fédéral.
Interrogé sur le statut du DOGE, sa réponse a été sans équivoque : "Cela n'existe plus". Il a précisé qu'il ne s'agissait plus d'une "entité centralisée", mettant ainsi un terme aux spéculations qui couraient depuis plusieurs mois.
Cette déclaration est la première reconnaissance publique de la fin d'une initiative que Donald Trump avait pourtant gravée dans le marbre par décret jusqu'en juillet 2026.
Dans les faits, de nombreuses fonctions du DOGE ont été absorbées par l'OPM. Le gel des embauches, l'un des marqueurs forts de la politique du DOGE qui imposait de ne recruter qu'un seul agent pour quatre départs, a également été levé. Selon Scott Kupor, il n'y a désormais "plus d'objectif chiffré de réduction" des effectifs.
Du symbole de la tronçonneuse à la dispersion des équipes
Cette dissolution discrète tranche avec l'agressive campagne de communication des premiers mois. Elon Musk, alors figure de proue du projet, n'hésitait pas à se mettre en scène, brandissant une tronçonneuse lors d'une conférence pour symboliser sa détermination à "couper" dans la bureaucratie.
L'entité revendiquait des dizaines de milliards de dollars d'économies, des chiffres cependant impossibles à vérifier pour les experts financiers, faute de comptabilité publique détaillée.
Suite à une querelle publique entre Trump et Musk, et le départ de ce dernier de Washington, le personnel du DOGE a été progressivement réaffecté. Loin d'être écartés, ses membres les plus éminents ont été repositionnés à des postes stratégiques au sein de l'administration.
Zachary Terrell est ainsi devenu directeur de la technologie au Département de la Santé, tandis que Rachel Riley a pris la tête de l'Office of Naval Research.
L'esprit du DOGE survit-il à sa structure ?
L'exemple le plus parlant de cette reconversion est celui de Joe Gebbia, le cofondateur d'Airbnb. Acteur clé du DOGE, il dirige aujourd'hui le National Design Studio, une nouvelle structure chargée par décret présidentiel d'améliorer l'esthétique et l'ergonomie des sites web gouvernementaux.
D'autres, comme Jeremy Lewin, qui avait contribué au démantèlement de l'Agence pour le Développement International (USAID), supervise désormais l'aide étrangère au Département d'État.
Même si l'entité centralisée a disparu, ses principes fondamentaux continuent d'infuser l'action gouvernementale. La Maison-Blanche a notamment chargé un ancien du DOGE de développer des applications d'intelligence artificielle pour analyser la réglementation et identifier les textes à supprimer.
L'héritage du DOGE semble donc moins résider dans sa structure éphémère que dans l'infusion durable de sa philosophie au sein de l'appareil d'État, soulevant la question de l'efficacité réelle de cette approche sur le long terme.