La mission DOGE devait incarner une nouvelle révolution de l'efficacité gouvernementale aux États-Unis, sous la houlette d’Elon Musk, soutien de la fin de campagne présidentielle de Donald Trump et solide contributeur financier.
Pourtant, après des vagues de départs massifs au sein de la fonction publique, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une erreur stratégique majeure. Alors que Howard Lutnick, secrétaire d'Etat au commerce, espérait un combat contre le gaspillage et l'abus budgétaire, Musk aurait privilégié le licenciement expéditif, imitant le style appliqué chez Twitter devenu depuis le réseau X. Cette divergence d’approche questionne la capacité de DOGE à véritablement réformer l'État américain.
La genèse de DOGE et l'ambition d'efficience
Le programme DOGE ("Department of Government Efficiency") est né d’une volonté affichée par l’administration Trump, renforcée par la nomination de Howard Lutnick en tant que Secrétaire au Commerce.
L'objectif était de débusquer et supprimer mille milliarde de dollars de « waste, fraud and abuse » (gâchis, fraude et abus), tout en espérant dynamiser le budget fédéral. Ce partenariat inédit symbolisait la fusion entre management technologique et ambitions politiques. Mais l’idylle entre Lutnick et Musk n’a pas tardé à se transformer en débat houleux.
La méthode Musk sous le feu des critiques
Là où Lutnick privilégiait une approche progressive et analytique, Musk aurait transposé sa politique radicale de réductions de personnel, adoptée après le rachat de Twitter pour transformer l'entreprise, à la sphère administrative fédérale.
Or, selon Lutnick, le projet DOGE s’est détourné de sa priorité initiale – la chasse au gaspillage public – pour s’enliser dans une stratégie de licenciements massifs. Plus de 200 000 fonctionnaires auraient été remerciés dans la foulée, ce qui provoque une vague de désapprobation chez les experts du secteur public et une perte de savoir-faire et d'experts de leur secteur.
Lutnick recadre Musk et la vision DOGE
Lutnick ne mâche pas ses mots : il affirme que Musk s'est « trompé » de cible, concentrant son énergie sur la réduction d'effectifs au lieu de traquer le gaspillage et les abus administratifs.
Le temps de l'alliance Trump-Musk autour du DOGE
Selon lui, la véritable efficience réside dans l’optimisation des dépenses et la suppression d'initiatives budgétaires douteuses, comme le programme d’aide à la recherche sur les semiconducteurs qui aurait, sous l’ère Biden, coûté 7,4 milliards de dollars. Ce recadrage résonne chez les observateurs qui, comme Lutnick, estiment que DOGE aurait pu gagner en efficacité en s’attaquant d’abord aux financements superflus et aux fraudes répétées, avant de réduire la masse salariale.
Le devenir de DOGE et la place de Musk
Depuis la rupture Musk-Lutnick, le programme DOGE « continue d’opérer, mais sans Musk ni ses alliés », note Axios.. La nouvelle orientation mise en avant par Lutnick cherche à restaurer l'idée initiale de réduction des dépenses abusives et des programmes inutiles.
Le DOGE reste un projet emblématique de la transition politique, oscillant entre volonté d’assainissement budgétaire et politique RH controversée et illustre les enjeux stratégiques d'une réforme de l'État cherchant les meilleurs leviers d'efficacité.
La méthode appliquée par Musk pose la question centrale : jusqu’où peut-on, ou doit-on, adapter les modèles d’optimisation issus du secteur privé au fonctionnement institutionnel public ?