L'histoire des smartphones Escobar semblait trop belle pour être vraie, et pour cause : c'était une escroquerie de grande envergure. Le PDG de la société Escobar Inc., Olof Gustafsson, vient de plaider coupable de fraude et de blanchiment d'argent devant la justice américaine, mettant un point final à une affaire qui a floué des milliers de clients à travers le monde. Attirés par des prix cassés et un marketing agressif, les acheteurs n'ont, pour la plupart, jamais vu la couleur de leur téléphone.

Un marketing bâti sur un nom sulfureux

Lancée fin 2019 par Roberto Escobar, le frère du célèbre narcotrafiquant, la société Escobar Inc. a tout misé sur une communication choc pour faire parler d'elle. Avec des slogans provocateurs, l'entreprise n'hésitait pas à s'attaquer frontalement aux géants du secteur. « Mon objectif est de battre Apple et je vais le faire moi-même, comme je l’ai toujours fait », déclarait ainsi Roberto Escobar. En capitalisant sur ce nom mondialement connu, la société a réussi à attirer l'attention des médias et des influenceurs tech, créant une demande pour des produits qui n'existaient pas réellement.

La vérité derrière les téléphones dorés

L'arnaque reposait sur une simple supercherie, comme l'a notamment démontré le youtubeur Marques Brownlee (MKBHD). Les appareils vendus n'étaient en effet que des modèles existants, grossièrement maquillés :

  • L'Escobar Fold 1 : vendu 349 $, il s'agissait en réalité d'un Royole FlexPai, un des premiers smartphones pliables du marché.
  • L'Escobar Fold 2 : ce modèle n'était autre qu'un Samsung Galaxy Fold (d'une valeur de près de 2 000 €) sur lequel était simplement collé un sticker doré.

Escobar Inc. a par la suite diversifié ses "produits" avec des lance-flammes ou de fausses cryptomonnaies, qui n'ont eux non plus jamais été livrés.

Escobar Fold 1

L'Escobar Fold 1

Une mécanique de fraude bien rodée

Le mode opératoire était simple mais efficace. Seuls quelques influenceurs recevaient de vrais appareils pour entretenir l'illusion. Pour les clients ordinaires, la livraison n'avait jamais lieu. Lorsqu'un acheteur demandait un remboursement pour un produit non reçu, l'entreprise entrait en action. Olof Gustafsson transmettait au prestataire de paiement une fausse preuve d'envoi, comme le numéro de suivi d'un simple "certificat de propriété" ou d'un autre goodies sans valeur. Cette manœuvre suffisait à faire rejeter la demande de remboursement, permettant à la société de conserver l'argent de la fraude.

Escobar Fold 2

L'Escobar Fold 2

L'épilogue judiciaire : prison et dédommagement

Arrêté en Espagne en 2022 puis extradé aux États-Unis, Olof Gustafsson a finalement reconnu les faits. Il a accepté de verser jusqu'à 1,3 million de dollars de dédommagement aux victimes. Sa peine sera prononcée le 5 décembre prochain. Il encourt jusqu'à 20 ans de prison pour chacun des chefs d'accusation de fraude, et 10 ans pour le blanchiment d'argent. La justice met ainsi un terme à l'une des escroqueries les plus médiatisées de ces dernières années dans le monde de la tech.

Source : Tech Spot