Les négociations américaines pour tenter de forcer un accord entre l'Ukraine et la Russie ont pris une drôle de tournures faites de menaces envers le dirigeant ukrainien quand Vladimir Poutine semble être complètement mis hors de cause.

Les Etats-Unis poussent à un accord sans garanties territoriales mais en s'assurant de mettre la main sur les riches réserves de minerais stratégiques ukrainiens pour se rembourser des aides accordées depuis le début du conflit.

Dans cette optique, les intimidations et déclarations péremptoires se succèdent et se sont étendues jusqu'au Bureau ovale. Pour forcer l'Ukraine à négocier, les Etats-Unis ont mis en balance l'accès à la constellation Starlink, rouage important des communications militaires ukrainiennes depuis 2022 quand Elon Muks annonçait ouvrir la couverture sur ce pays et fournir des équipements de connexion.

Eutelsat prend une valeur hautement stratégique

Cette menace non voilée dessille les yeux des dirigeants d'autres nations qui cherchent désormais des alternatives à Starlink pour ne pas tomber un jour dans le même piège.

Le groupe français Eutelsat, qui gère la constellation OneWeb, est donc subitement devenu l'alternative nécessaire et indispensable pour contrer le discours toujours plus hostile des Etats-Unis vis à vis du reste du monde.

Ce dernier a connu une forte augmentation de sa capitalisation boursière en début de semaine (avec un cours en Bourse accru de 200% !) et il apparaît comme une solution de secours si la constellation Starlink était réellement désactivée au-dessus de l'Ukraine.

Alors que l'Europe tente tant bien que mal d'affermir ses positions et de se présenter comme une alternative au moment où l'administration Trump suspend l'aide américaine à l'Ukraine, Eutelsat affirme être en capacité de remplacer Starlink.

OneWeb satellite

Dotée de seulement 600 satellites, contre plusieurs milliers pour Starlink, la constellation OneWeb opère à 1200 kilomètres d'altitude au lieu des 500 kilomètres environ de son équivalent américain.

Cela lui permet d'assurer une couverture similaire, à défaut de pouvoir fournir les débits de la constellation Starlink positionnée en orbite basse, ce qui assure des vitesses de connexion supérieures et des temps de latence plus courts.

Mais, Eutelsat l'assure à BFMTV par la voix de sa directrice générale Eva Berneke, "en Ukraine, ce n'est pas la capacité [qui compte], c'est surtout cette couverture sécurisée qui couvre partout, même là où il n'y a pas de technologie".

Le groupe a déjà fourni des terminaux de connexion à l'Ukraine et des discussions sont en cours pour accroître cette offre si nécessaire et pouvoir maintenir un relais des communications satellites en cas d'arrêt de Starlink.

Solution alternative mais peut-être trop tardive pour l'Ukraine

L'Ukraine ne sera donc pas esseulée si cela se produit mais il n'est pas sûr que Volodymyr Zelensky attrape cette perche tendue, conscient de l'arrêt de l'aide américaine et modérément convaincu de la volonté et de la capacité de l'Europe à s'y substituer.

La réunion houleuse à la Maison Blanche ce week-end l'a fragilisé et il a depuis multiplié les déclarations d'apaisement et de bonne volonté à propos du plan de paix voulu par Donald Trump ainsi que sur la question de l'accès aux minerais stratégiques.

Internet espace OneWeb

Même si OneWeb ne devait pas jouer le rôle de remplaçant de la constellation américaine, sa mise en lumière sera sans doute bénéfique pour les pays souhaitant disposer de capacités de communication satellite sans forcément passer par Starlink.

A noter que Eutelsat est aussi maitre d'oeuvre pour le développement de la constellation souveraine européenne IRIS2 qui vise à doter le Vieux Continent d'un ensemble de plusieurs centaines de satellites en orbite basse (LEO) et moyenne (MEO) pour assurer des communications civiles et militaires à partir de 2030.

L'entreprise a également récemment fait la première démonstration d'une communication 5G non terrestre, préparant les réseaux hybrides terrestre / satellite qui deviendront incontournables ces prochaines années.