Le groupe Intel est arrivé à un point où la situation financière est tellement dégradée qu'il devient nécessaire de revoir le fonctionnement de l'entreprise en profondeur, sans attendre les retombées des initiatives en cours.
Le CEO Pat Gelsinger est dans la tourmente et sa stratégie de reconquête du marché de la fonderie tarde à donner ses fruits tandis que d'autres secteurs en effervescence, comme les composants pour l'intelligence artificielle, ont profité à d'autres entreprises.
Sous pression des investisseurs, la direction doit présenter un plan de relance dans le courant du mois avec l'aide de banques d'affaires devant mettre en évidence les options disponibles.
Sans aller forcément jusqu'à un démantèlement qui séparerait la fonderie du reste des activités, toujours possible mais qui ne serait déclenché qu'en dernier recours, le projet doit être porteur de suffisamment d'évolutions pour être convaincant.
Les FPGA d'Altera sur la sellette
Il va falloir tailler dans les coûts et continuer de se séparer des activités non stratégiques. Tout ce qui n'était pas lié de près ou de loin à la fonderie a déjà été fermé ou vendu et l'agence Reuters évoque ici la possibiltié de se séparer de l'activité d'Altera et ses composants programmables FPGA rachetés en 2015 pour 16,7 milliards de dollars.
La flexibilité d'usage de ces puces ouvrait de belles perspectives pour le calcul parallèle et la blockchain mais Intel peine à y fédérer de grands projets. Ce pourrait donc être un des nouveaux fusibles pour préserver le reste des activités de la firme.
Altera pourrait être cédée soit partiellement soit totalement à un autre acteur et le nom de Marvell émerge comme repreneur potentiel.
Le site de production de puces en Europe menacé ?
Une autre initiative pourrait connaître une fin abrupte et cela risque de ne pas plaire à l'Europe. Dans sa recherche de réduction de coûts, Intel pourrait ainsi mettre en pause ou arrêter l'installation d'un grand site de production de puces sur le Vieux Continent.
Cela concerne le site de Madgebourg, en Allemagne, où la firme projette l'établissement d'une usine de puces pour couvrir les besoins européens dans le cadre du Chips Act et d'une volonté de relocalisation des moyens de production en Europe.
La promesse du site dont le coût total (avec ses extensions ultérieures) est de l'ordre de 30 milliards d'euros est largement financé pour sa première tranche avec des fonds publics européens et un apport du gouvernement allemand pour assurer son installation dans le pays et une production privilégiée pour son industrie automobile.
Les retards déjà constatés dans sa mise en service du fait de désaccords sur les fonds publics engagés pourraient servir de prétexte à une mise en pause quasi-fatale.
Même si le fondeur TSMC semble lui aussi décidé à bâtir une usine de production de puces en Europe (et toujours en Allemagne), l'arrêt du projet d'usine Intel allemande serait un coup dur pour la stratégie européenne et sa recherche de souveraineté dans les puces.