Après une série d'orientations hasardeuses et de paris technologiques perdants, le groupe Intel affronte des moments difficiles. Son ex-dirigeant Pat Gelsinger a mis une stratégie de relance sur la fonderie avec le programme "5 noeuds en 4 ans" et la création d'une division IFS (Intel Foundry Services) qui ramènera l'entreprise sur son coeur de métier alors que les autres activités sont en berne.
Intel a manqué le virage de la 5G puis celui de l'intelligence artificielle, tandis que l'écosystème ARM a pris une ampleur telle que ses processeurs se retrouvent désormais dans les serveurs et les ordinateurs portables, au détriment de l'architecture x86.
Broadcom et TSMC veulent un peu d'Intel
Pour faire face à une situation financière tendue, la firme de Santa Clara pourrait être amenée à se couper en deux, avec le design des puces d'un côté et leur production de l'autre, ou bien céder certaines activités à la concurrence pour mieux se recentrer.
Selon le Wall Street Journal, deux concurrents seraient en discussions pour tenter d'obtenir deux activités distinctes. D'une part, le groupe Broadcom lorgnerait tout ce que touche à la conception des processeurs et au marketing mais ne voudrait pas de l'activité fonderie, étant lui-même une entreprise fabless, c'est à dire sans usines.
La firme est pressentie depuis le début comme un des repreneurs potentiels logiques en cas de scission d'Intel et de recentrage des activités sur la fonderie.
De l'autre, le fondeur taiwanais TSMC aurait des vues sur les sites de production d'Intel qui pourraient être repris dans le cadre d'un consortium dont il serait actionnaire avec d'autres acteurs.
Problème, les deux projets sont indépendants et les deux repreneurs potentiels ne travaillent pas ensemble pour s'accorder. Par ailleurs, il s'agit seulement de discussions préliminaires et pas encore de négociations avancées.
L'administration Trump veille au grain
Dans le même temps, le gouvernement Trump pourrait faire barrage à l'idée d'une prise de contrôle des usines d'Intel par des entreprises étrangères. Le nouveau président des Etats-Unis souhaite une relocalisation des usines sur le territoire national mais pas de voir celles d'Intel passer sous pavillon étranger.
Wafer produit en Intel 18A
L'avenir d'Intel reste donc incertain et pris entre des intérêts divergents. La direction affirme chercher des accords au mieux des intérêts de ses actionnaires mais sa marge de manoeuvre reste restreinte et sa faiblesse financière actuelle en fait une proie facile.
La mise en place de l'activité de fonderie extérieure IFS reste une priorité, même si son inititiateur Pat Gelsinger a été remercié il y a quelques mois mais des doutes subsistent sur sa capacité à faire rebondir Intel tandis que les efforts pour prendre des parts de marché dans les composants IA ne sont pas encore probants face à Nvidia et AMD.