Se découvrant subitement une grosse faiblesse dans la production de puces avancées, l'Europe s'est lancée dans une politique de relocalisation des moyens de production sur son sol par l'intermédiaire du Chips Act et ses 44 milliards d'euros d'argent public mis à disposition.
Il n'a pas fallu longtemps pour que le groupe Intel ne se dise prêt à installer un site à Magdebourg, en Allemagne, pour 10 milliards d'euros au début et beaucoup plus ensuite avec l'extension de l'usine.
Pour la Fab 29 d'Intel, l'Allemagne a mobilisé plusieurs milliards d'euros afin de s'assurer que la firme américaine n'ira pas voir ailleurs. C'était sans compter avec la forte dégradation des finances du groupe Intel qui l'a obligée à prendre des décisions difficiles.
Intel à Magdebourg, seulement des promesses ?
L'une d'elles concerne le report de la construction du site de Magdebourg qui n'est désormais plus envisagée avant 2029-2030 au mieux. Intel a actuellement d'autres chats à fouetter et un service IFS de fonderie à la demande à lancer et les projets d'usine sur le Vieux Continent ne sont plus une priorité.
Wafer produit avec le procédé Intel 18A
De fait, le gouvernement allemand se retrouve dans l'expectative et ne sait plus quoi faire ni du financement public déjà apporté ni du terrain fourni, dans l'hypothèse plus si farfelue d'un report qui se transformerait en abandon pur et simple du projet.
Une partie des montants seront réinvestis dans d'autres projets, dont des mesures de soutien à l'économie et aux objectifs climatiques. Le site Tom's Hardware note que l'incertitude est à peu près totale puisqu'il faudra sans doute tout renégocier si Intel se décide finalement à relancer la construction de la Fab 29 dans quelques années.
Rendez-vous en 2030..peut-être
Les économistes allemands donneraient une chance sur deux seulement pour une reprise du projet, au vu de l'état des finances d'Intel et de la grande restructuration en cours qui passera par pertes et fracas, au niveau de l'effectif notamment.
L'aubaine de l'installation d'une usine de puces en Allemagne est en train de virer au cauchemar et personne ne sait vraiment si ce qui devait devenir l'une des plus belles réalisations du Chips Act sortira seulement de terre.
Il reste à espérer que le fondeur TSMC, qui après moult négociations a fini par valider un premier projet d'usine en Europe, ne suivra pas le même chemin d'un désengagement, ce qui porterait un coup à la recherche de souveraineté européenne en matière de puces.