Les résultats financiers trimestriels d'Intel ont confirmé la crise prolongée que traverse la firme, dont la stratégie de fonderie ne donnera ses fruits que dans plusieurs années.
En attendant, il faut réduire les coûts en urgence, ce qui passe par d'importantes suppressions d'emplois et le recours à des banques d'affaires pour examiner les options possibles.
Cela pourrait passer par une scission d'Intel entre ses activités grand public et celles de fonderie ou bien par la cession de diverses activités. La direction d'Intel doit détailler ses projets durant le mois de septembre et, en attendant, les spéculations vont bon train tout autant que la valorisation boursière se contracte sous les 100 milliards de dollars, au risque de faire sortir l'entreprise des grands indicateurs boursiers.
Qualcomm prêt à racheter certaines activités d'Intel ?
Selon l'agence Reuters, un concurrent de plus en plus direct d'Intel pourrait se montrer intéressé pour racheter une partie des activités du groupe de Santa Clara. Désormais entré sur le segment des processeurs pour PC portables mais en version ARM et avec le soutien de Microsoft pour apporter Windows 11 et l'environnement IA Copilot+, le groupe Qualcomm ne serait pas opposé au rachat de certaines activités.
Cela concernerait notamment l'activité de conception de processeurs grand public, d'après deux sources anonymes, ce qui serait en phase avec ses efforts pour devenir un grand fabricant de processeurs pour PC en relais de son activité de conception de processeurs pour smartphones.
D'autres activités, comme celle des serveurs, pourraient aussi l'intéresser mais à un moindre niveau, d'autant plus que Qualcomm est resté à la marge de ce type de marché, plus complexe d'accès.
Un changement des équilibres à venir ?
Selon les sources de Reuters, des discussions et des approches seraient activées depuis plusieurs mois mais sans arriver à du concret. La dégradation de la situation financière d'Intel pourrait accélérer ce type de négociation mais rien n'est connu sur les choix stratégiques de la firme de Santa Clara.
Si Intel peut être tenté de se concentrer uniquement sur son activité fonderie, la branche grand public reste pour l'heure stratégique. Les observateurs tablent plutôt sur la vente éventuelle d'activités annexes comme celle des composants programmables FPGA d'Altera, société rachetée en 2015.
Cela permettrait de dégager du cash sans porter atteinte aux piliers de la stratégie du CEO Pat Gelsinger autour du retour d'Intel dans la course à la finesse de gravure et à son application dans les processeurs Intel Core.
Cette dernière a d'ailleurs réaffirmé son soutien sans faille à sa branche PC grand public et a dévoilé la série de processeurs Core Ultra 200V reposant sur la plate-forme Lunar Lake pour AI PC durant le salon IFA 2024 de Berlin tout en préparant le lancement des processeurs Intel Core de 15ème génération Arrow Lake.
Toutefois, la firme a également annoncé qu'elle renonçait à commercialiser son procédé de gravure Intel 20A (équivalent 2 nm) pour dégager des ressources et se concentrer sur le noeud Intel 18A (équivalent 1,8 nm) qui sera le coeur de l'offre du service de fonderie IFS (Intel Foundry Services).
De son côté, Qualcomm a annoncé l'arrivée d'un processeur Snapdragon X Plus de 8 coeurs venant étoffer sa gamme existante pour permettre la conception de PC portables ARM Windows sous la barre des 1000 €.
L'équilibre entre les architectures x86 et ARM dans les PC, bousculé ces derniers trimestres par l'irruption des processeurs ARM pour PC portables, pourrait-il être renversé avec les déboires d'Intel ?